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armes, évacuation des populations civiles, pillages, destructions diverses[1].

Ce n’a été que la mise en œuvre des théories et des idées professées par des écrivains militaires et des hommes d’État (Clausewitz, Julius von Hartmann, Moltke, Bismark, le Manuel allemand de 1902 sur les usages de la guerre). Devant les nécessités de la guerre, — l’officier seul est juge, — toutes les lois de l’humanité sont mises en suspens. « Dès que la guerre a éclaté, écrit von Hartmann, le terrorisme devient un principe militaire nécessaire… Peut être employé tout moyen de guerre sans lequel le but de la guerre ne pourrait être atteint[2] ».

139. Approvisionnements et soins aux blessés.


Œuvre formidable de l’approvisionnement de l'armée. Contrats gigantesques de fournitures. Par exemple avec les Américains, ils dépassaient déjà en 1915 neuf cents millions de dollars. Les commandes comportaient quatre millions de fusils à la Westinghouse electric company ; six cents millions de cartouches à l’United Cartridge Company. Ailleurs une première commande de cinq millions de shrapnels. deux cent mille chevaux, assez de couvertures et de draps pour couvrir entièrement l'île de Monhattain[3].

Immenses installations des ambulances et des hôpitaux militaires chez tous les belligérants. Admirable dévouement des femmes. Blessés et malades répartis à travers tous les pays. Concours des villes, notamment œuvres de l’Union des villes (Zemtsvos) en Russie. Progrès de la chirurgie, extractions magnéto-radiographiques des corps étrangers ; prothèses étonnantes.

  1. Publications officielles des gouvernements belges et français sur les atrocité allemandes.
  2. Charles Andler, Les usages de la guerre et la doctrine de l’état-major allemand. — Joseph Bédier, Les crimes allemands. Joseph Bédier, Comment l'Allemagne essaye de justifier ses crimes, — E. Lavisse et Ch. Andler, Pratique et doctrine allemande de la guerre. — R.-A. Reiss, Comment les Austro-Hongrois ont fait la guerre en Serbie, — Léon Maccas, Les crimes allemands. Réquisition d'un neutre, — J.-H. Morgan, A dishonoured Army. German attrocities in France with unpublished Records. London, Spottiswoode & Co, 1915, 20 p. — La guerre fait revivre en l'homme les pires instincts de cruauté. Elle est longue hélas ! l'Histoire de la cruauté humaine (Moloch et les sacrifices humains) ; les sièges et les sacs des villes dans l’antiquité et au moyen âge. Les Espagnols au Mexique et au Pérou ; la torture et l’inquisition ; la guillotine et les noyades sous la Révolution ; les raffinements dans la souffrance imaginés par les jaunes (Mirbeau, Le jardin des supplices) ; les horreurs commises par des Européens dans les guerres coloniales, en Afrique et en Orient ; la répression de la révolte des Cipayes aux Indes, celle de la révolte des Boers ; les monstruosités des guerres balkaniques, les massacres des Arméniens par les Turcs.
  3. Ch.-F. Speare, « American review of reviews ».