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accord résultant des intérêts communs engagés. On a fait remarquer qu’une intervention convenue n’est plus une intervention. Une intervention collective doit être approuvée, car il y a seulement intervention à rejeter quand il s’agit d’annexion violente et imposée par la force.

2. Au cours du XIXe siècle, les mesures concertées et les interventions ont été nombreuses. En 1815 les Alliés se promirent de tenir des réunions consacrées à l’examen des mesures pour le maintien de la paix de l’Europe. Les congrès du Concert européen eurent lieu périodiquement, notamment en 1818, 19, 20, 21, 22 et 1825. La Sainte-Alliance, établie en même temps, était fondée sur le principe de l’intervention pour protéger les souverains contre la révolution. En fait elle intervint plusieurs fois, contre Naples et contre l’Espagne, donna mandat spécial à l’un ou à l’autre État d’opérer l’intervention. Mais de bonne heure l’Angleterre se détacha de la manière de voir des autres puissances. Dès 1821, dans une dépêche, lord Castlereagh précisait ainsi son attitude : « Bien qu’aucun gouvernement ne peut être plus disposé à maintenir le droit de tout État d’intervenir, lorsque sa sécurité et ses intérêts essentiels sont menacés d’une manière sérieuse et immédiate par les événements intérieurs d’un autre État, le gouvernement anglais regarde cependant l’admission de ce droit comme ne pouvant être justifié autrement que par la plus urgente nécessité et devant être limitée et régularisée par cette nécessité. » Quelques années après, l’Angleterre achevait son évolution et en arrivait à des interventions en faveur des peuples insurgés contre le despotisme de leurs maîtres. La Grèce bénéficia de cette politique. En vertu des mêmes idées, l’Angleterre favorisa l’indépendance de la Belgique en 1830. Cependant la doctrine de l’intervention allait en s’affaiblissant de plus en plus, au point que la non-intervention était devenue en théorie un principe absolu. Maison la vit renaître sous une nouvelle forme dans cette Amérique qui avait cependant proclamé par la plume de Monroe qu’elle s’opposerait aux interventions européennes.

Parmi les cas de mesures concertées on peut encore citer l’action militaire des grandes puissances pour la Crète (blocus et occupation], l’Arménie, les Balkans (contrôle de la Macédoine), tous cas où l’on voit les faibles s’adresser aux forts. Combien plus fructueusement ne se seraient-ils pas adressés à une organisation internationale centrale ! Il y a eu action concertée lors de l’expédition de Pékin en 1900, au moment de la révolte des Boxers, et aussi lors de la démonstration à Antivari contre le Monténégro et de l’occupation de Scutari en 1913.

L’intervention fut parfois motivée par des raisons de commerce. Ainsi, ce fut à la suite de la suspension du service de la dette mexicaine que la France, l’Angleterre et l’Espagne signèrent le 31 octobre