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Saxons, empire britannique et Amérique du Nord ; bloc de tous les Slaves conduit par la Russie ; bloc latin qui comprendrait outre la France, l’Italie et l’Espagne, le sud Amérique et tout le nord de l’Afrique ; bloc de Germains au centre de l’Europe ; en Extrême Orient, le bloc jaune.

296.3. SORT DES ALLIANCES. — L’impossibilité de dissoudre les grandes alliances après la guerre est un fait probable. Il semble que les gouvernements belligérants aient déclanché des forces dont ils ne sont plus les maîtres, dont nul n’est plus le maître. Pour lancer un ultimatum, pour déclarer la guerre, on peut être seul ; pour faire la paix, il faut être deux. Cela caractérise la fatalité de l’état actuel de la guerre. Mais, après elle, une autre fatalité pèsera sur les peuples. Ceux qui auront été unis dans l’attaque ou dans la défense ne pourront plus se désunir plus tard, sous peine de rompre les équilibres et de tomber dans l’abîme les tout premiers. L’entente et l’alliance sont ainsi devenues deux confédérations dont les nations composantes ont perdu leur individualité et leur complète indépendance. Elles sont de plus en plus des branches d’un système qui, après la guerre, développera les contraintes imposées et auquel chacun devra obéir par nécessité évidente. Qu’elles le veuillent ou non, elles devront continuer à se supporter, à s’entr’aider, se connaître, à développer entre elles des relations économiques et politiques. Le temps de la liberté pour les États semble donc passé. Il ne leur reste plus qu’un choix : association à quelques-uns dans une alliance à base militaire, ressemblant fort à un mariage de raison, entourée d’une atmosphère de crainte et d’alerte, parce que dominée par la menace constante d’une nouvelle guerre ; ou bien union générale, peut-être tout aussi restrictive de liberté que la première, mais éliminant au moins la nécessité d’un perpétuel qui-vive et constituant une sorte de « supernation » créée contractuellement pour obvier à l’insuffisance démontrée des alliances partielles.

296.4. DOUBLE PROCESSUS HISTORIQUE. — Les faits révèlent un mélange de deux processus : l’un social, commencé en Grèce, continué à Rome, aujourd’hui représenté principalement par la France, l’Angleterre, les États-Unis, et tendant à la liberté, au respect de l’individu ; l’autre historique tendant à l’assimilation des peuples orientaux, entreprise par l’empire asiatique de la Russie et qui pourrait faire un jour entrer la Chine elle-même dans l’unité du monde (V. Lutoslawski).

296.5. GRANDS TYPES D’ORGANISATION POLITIQUE. — Trois types différents se dessinent pour l’avenir : 1° Empires coloniaux (France, Angleterre, Russie). L’assimilation des pays étrangers par une nation ne va pas sans inconvénient : envoi des meilleurs hommes au dehors, dépendance de pays inférieurs, fardeau pour