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relations cordiales entre la France et l’Italie, l’alliance anglo-japonaise, l’entente anglo-italienne, les conventions particulières de l’Angleterre avec l’Espagne et le Portugal, de la France avec l’Espagne, de la Serbie avec la Grèce[1]. Depuis la guerre, les deux groupes se sont modifiés et complétés. D’une part, l’Allemagne, l’Autriche, la Bulgarie et la Turquie ; d’autre part, l’Angleterre, la France, l’Italie, le Japon, la Russie, la Belgique, la Serbie et le Monténégro. Une alliance a été faite entre la Perse, la Russie et l’Angleterre.

Toutes les alliances conclues après 1870 se disaient défensives, conclues pour maintenir la paix. Elles s’accompagnaient d’une recrudescence d’armements et d’inquiétudes respectives.

3. Accords généraux. — Des accords généraux réglant les points en discussion entre gouvernements ont rendu possibles les alliances. Trois accords, en particulier, sont à citer ; ils montrent qu’en y mettant l’esprit de conciliation et de transaction les États, aussi bien que les particuliers, peuvent substituer la coopération à la lutte. S’il était trois inimitiés profondes, anciennes, quasi invétérées disait-on, et héréditaires, c’étaient bien celles de l’Angleterre et de la France, de l’Angleterre et de la Russie, de la Russie et du Japon. Or, à la suite de négociations habiles, ces trois inimitiés ont fait place, à un rapprochement d’abord, puis à l’entente et finalement à l’amitié. L’accord franco-anglais date du 8 avril 1904. La France obtenait sa liberté d’action au Maroc, tandis que l’Angleterre se voyait reconnaître le même avantage en Égypte. L’accord réglait en outre les questions qui divisaient les deux pays et relatives à Terre-Neuve, au Siam, aux Nouvelles-Hébrides, au Niger, etc. Le Maroc et l’Égypte formaient la rançon de toutes les autres stipulations et l’accord marquait la fin de plusieurs siècles de rivalités coloniales, que l’affaire de Fachoda avait menacé de faire résoudre par une guerre. L’immémoriale rivalité anglo-russe (la baleine et l’éléphant), manifestée notamment en Perse, en Afghanistan et au Thibet, a pris fin par les accords anglo-russes de 1907. Pour obtenir sa liberté d’action dans la grande province qui longe la frontière de l’Inde, la Grande-Bretagne a abandonné toute la partie nord de la Perse à l’influence russe, ne réservant à son influence que la zone nécessaire pour s’assurer par le littoral du golfe persique la route de l’Inde. Enfin, le 4 juillet 1910, avait lieu la réconciliation du Japon avec la Russie. mettait fin à une rivalité devenue sans objet et rendait à la Russie sa liberté d’action en Mongolie en même temps qu’elle la débarrassait de toute préoccupation immédiate sur le Pacifique. Certes, les accords engendrent moins la paix qu’ils ne sont produits par la volonté de paix. Ainsi on avait pensé que les accords

  1. Le traité de la triple alliance a été publié dans le Livre rouge austro-hongrois. — Arthur Singer, Histoire de la triple alliance, traduit par Louis Furet. — Tardieu, La France les alliances ; La lutte pour l’équilibre (1871-1910).