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Il est vraiment suggestif de mettre le développement politique international du nouveau monde en parallèle avec celui de la vieille Europe. Là sont les réserves d’avenir de l’humanité, une nouvelle civilisation anglo-saxonne (voire germanique) et une nouvelle civilisation latine. En Amérique existent pour le Monde les motifs de conserver l’optimisme[1].

294.2. LES ALLIANCES. — 1. Notions. — L’alliance est une union régulière, ou revêtue de certaines formes, et répondant à un besoin qui doit durer entre des nations, des États ; la ligue est une union passagère entre des souverains et des particuliers puissants, en vue de mettre à exécution un projet commun, de repousser un péril présent ; la confédération est une association permanente d’États. Dans les alliances générales (ex. : le Pacte de famille), le lien équivalait presque à celui de la confédération, avec cette différence que la confédération suppose une représentation collective des États confédérés, tandis que les alliés délibèrent cabinet à cabinet. On a discuté la question de savoir si les traités d’alliance sont personnels ou réels, c’est-à-dire s’ils lient le souverain seul ou l’État. Ils donnent lieu très souvent à des difficultés sur le point de savoir quand se présente le casus fœderis, c’est-à-dire si les circonstances d’application du traité sont nées.

2. Alliances contemporaines. Les grands peuples européens sont aujourd’hui dominés par la politique des alliances et des ententes. Ils étaient, avant la guerre, partagés en deux grands groupements. La Triple alliance (Allemagne, Autriche, Italie) existe entre les deux pays depuis 1879, entre les trois pays depuis 1882. La Triple entente (France, Russie, Angleterre), conclue sous sa forme trinitaire seulement pendant la guerre, avait été précédée de l’alliance franco-russe, l’entente cordiale franco-anglaise, du rapprochement anglo-russe. Ce premier noyau d’alliances était complété par d’autres qui ont conduit à la situation telle qu’elle existe depuis la guerre : le rétablissement des

  1. Pierre Leroy-beaulieu, Les États-Unis au XXme siècle, Paris, 1904. — Georges Lafond, La doctrine de Monroe et les États sud-américains, Revue politique internationale. — Wehberg, Die Monroedoktrine 1915. — Oliveira Lima, Pan-Americanismo ; Bolivar-Monroe-Roosevelt (1908). Sur l’union panaméricaine, voir Annuaire de la vie internationale, 1908-1909, page 65 et 1910-1911, page 195. — F. Garcia-Calderon, Les démocraties latines de l’Amérique. — Romulo S. Naon, Solidaridad americana ante la guerra europea, Revista Argentina de Ciencias politicas 1915. — Santiago Perez, 1910, The international Position of the Latin American Races, in Cambridge Modern History, New-York, volume XII, pages 690-702. — Clemenceau, Notes de voyages dans l’Amérique du Sud, Paris 1911. — Georges Weil, L’Union latine, Revue politique et parlementaire, 1904, XVII, page 328. — Béguin, Les révolutions de l’Espagne et de l’Amérique latine, Économistes français, 14 janvier 1905, page 43. — Paul Otlet, Politica internacional americana, Boletin mensual del Museo social argentino, septembre-octobre 1915.