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Nouvelle-Galles du Sud, Australie du Nord, de l’Ouest et Méridionale[1].

2. L’Union panaméricaine. – Parmi tous les mouvements fédératifs celui du nouveau continent mérite un examen à part. La guerre a accéléré en Amérique le mouvement, ancien déjà, tendant à l’Union de tous les États du continent. C’est en 1823, à l’occasion de l’indépendance conquise par les colonies espagnoles et portugaises de l’Amérique du Sud, que le président Monroe énonça, dans son message annuel au congrès, le principe de politique que les États-Unis ne souffraient pas d’intervention européenne en Amérique. Jusqu’à ce jour ce principe est passé dans les faits. Les jeunes républiques ont su se développer avec leur gouvernement propre. La doctrine de Drago a complété celle de Monroe en 1894, proclamant l’illégitimité de guerres basées sur des réclamations financières. Vers la même époque était constitué le Bureau panaméricain, transformé en Union quelques années après, et travaillant au rapprochement économique et plus tard intellectuel des deux Amériques. Cependant l’expansion économique des États-Unis vers le sud, leur guerre de Cuba, leurs tentatives coloniales, la main mise sur le canal de Panama, avaient éveillé dans les républiques méridionales de vives appréhensions. Elles les exprimèrent lors de l’intervention récente du Nord dans les affaires intérieures du Mexique. Les trois plus importantes républiques sud-américaines : l’Argentine, le Brésil, le Chili (A. B. C.), se décidèrent à éprouver la loyalité de certaines déclarations yankees et offrirent leur médiation. Immédiatement acceptée, ce fut le point de départ d’une ère nouvelle de confiance. L’A.-B.-C. forma désormais un bloc autour duquel vinrent s’agglomérer les États secondaires ; les trois grandes républiques latines se sont imposées à la puissante république du Nord, elles sont devenues quelque chose comme les grandes Puissances de leur continent. Au mois de mai 1915, l’entente entre elles trois a été consacrée par un traité à base d’arbitrage, suivi d’un autre traité à base similaire signé avec les États-Unis.

Telle l’évolution. Mais il lui manquait en fait une expression unique et autorisée. Le message du président Wilson au congrès, le 7 décembre 1915, est venu donner à la doctrine de Monroe une formule définitive. Il a tenu à effacer le soupçon d’impérialisme que les récentes interprétations et applications avaient entretenues chez les républiques latines, inquiètes de toute apparence d’hégémonie. Les États-Unis ne se présentent plus aujourd’hui comme le protecteur, le tuteur prêt à s’arroger sur elles un droit de contrôle et de police. Ils offrent au contraire « une complète et honorable association pour la cause

  1. Brins, Theorie des Staatenbindungen (1886). — Jellinek, Lehrer von der Staatenverbindungen (1882). – Westerkamp, Staatenbund und Bundesstaatt (1892). – Proudhon, Du principe fédératif.