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294.1. FÉDÉRATIONS ET PRINCIPE FÉDÉRATIF.
1. Notion. Le principe de la fédération est un système par lequel les divers groupes humains, sans perdre leur autonomie et ce qui leur est propre et particulier, s’associent et se subordonnent conjointement à ceux de leur espèce, pour toutes les fins qui leur sont communes. Applicable à tous les groupes et à toutes les formes de gouvernement, la fédération établit l’unité sans détruire la variété et peut réunir en un corps toute l’Humanité sans porter atteinte à l’indépendance, ni altérer le caractère des nations, des provinces et des peuples. C’est pourquoi, tandis que la monarchie universelle a toujours été un rêve, la raison et les événements ont préparé sans cesse la fédération universelle, l’union des États du monde. « La fédération repose sur des faits qui sont incontestables. Les sociétés ont deux sphères distinctes d’action : une en laquelle elle se meuvent sans affecter la vie de leurs semblables, une autre, en laquelle elles ne peuvent se mouvoir sans l’affecter. En l’une, elles sont aussi « autonomes » que l’homme dans celle de sa pensée et de sa conscience ; dans l’autre, aussi « hétéronomes » que l’homme en sa vie de relations avec les autres hommes. Dans la première sphère, livrées à elles-mêmes, les sociétés agissent séparément et indépendamment. Dans la seconde, elle se concertent avec les autres sociétés dont l’existence est connexe à la leur ; elles créent avec elles un pouvoir qui les représente toutes et exécute leur commun accord. Il ne peut y avoir autre chose, en réalité, entre entités égales. Ainsi la fédération est le système qui s’accommode le plus à la raison et à la nature. » (Pi y Margall.)

Au cours de l’histoire, dans l’antiquité, au moyen age, dans les temps modernes, la forme confédérative est celle qu’ont adoptée de nombreuses organisations politiques : ligues et amphyctionies en Grèce ; ligues des Latins, des Sammites, des Étrusques, en Italie ; confédération des Celtibères en Espagne ; confédération des Gaulois ; confédérations successives établies en Allemagne. Dans les temps modernes, de nombreux États ont accepté la forme fédérative. La Suisse, population de race, de langue, de religion hétérogène, est une fédération ; les États-Unis, amalgame de 100 millions d’habitants de toutes les races sont une confédération de 44 États ; l’empire d’Allemagne et l’empire d’Autriche ont revêtu la forme fédérative ; le Mexique, la Colombie, le Vénézuéla, la République Argentine, le Brésil sont des organisations fédératives ; la Grande-Bretagne avec ses Dominions et ses tendances au Home Rule, évolue rapidement dans le sens d’une fédération. Deux des Dominions anglais sont de véritables fédérations intérieures : l’Afrique du Sud, composée du Cap, du Natal, du Transval, de l’Orange, de la Rhodésia, qui tous jouissent d’une administration autonome ; l’Australie constituant une République fédérative (Commonwealth : Union pour le bien public) comprenant les États du Queensland,