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a mis en œuvre d’extraordinaires méthodes dérivées de toute notre civilisation. Sans nous étendre sur ce point, fixons cependant quelques traits[1].

Une remarque préliminaire s’impose. Dans la guerre moderne, les nations ne combattent pas seulement avec les forces de leur préparation militaire, mais avec la patience et la fermeté d’une race, leur travail, l’appui financier d’un crédit économique et l’appui historique d’un crédit mondial. Le ministre Asquith a pu dire aux communes (août 1915) : « Cette guerre est une guerre de mécanique, d’organisation et d’endurance ; la victoire penchera du côté de celui qui tiendra le plus longtemps, et c’est ce que les alliés ont l’intention de faire. » Il ne s’agit plus d’une guerre de victoires, mais d’une guerre d’usure, d’épuisement, d’extermination.

131. Plans stratégiques.


Le plan allemand devait consister en un écrasement rapide de la France et une attaque subséquente de la Russie avec toutes les forces réunies de l’Allemagne et de l’Autriche-Hongrie, sans parler des armées du sultan. En dernier lieu devait venir l’attaque de l’Angleterre, dont l’entrée en scène aurait pu, espérait-on, être évitée. La résistance de Liège qui devait dans la pensée des Allemands, n’être qu’une bousculade, fut cependant assez forte pour permettre à l’armée française d’achever sa mobilisation et sa concentration. Après une retraite de la Sambre à la Marne, l’armée française s’arrête au commandement le soir du 4 septembre, opère le rétablissement stratégique le lendemain et reprend l’offensive générale le 6 septembre au matin, avec plus d’un million d’hommes sur un front de 300 kilomètres : Victoire de la Marne.


    peintures (Galeries des batailles à Versailles). Le musée de la guerre à Lucerne comprend des collections générales systématiquement classées. Le musée international de Bruxelles a une salle consacrée à la guerre au point de vue économique, politique et technique. Pendant la guerre on a fait des expositions de guerre, notamment à Berlin et à Vienne. On a tenté des reconstitutions cinématographiques des guerres d’autrefois : Le film du scénario de Gabriel d’Annunzio, « Gabiria » contient de remarquables tableaux sur la manière de faire la guerre des Romains et des Carthaginois.

  1. Les faits militaires sont relatés au jour le jour dans les communiqués officiels et les commentaires des grands journaux. Les chroniques militaires du colonel Feyler parues dans le Journal de Genève, celles du colonel Repington parues dans le Times, doivent retenir particulièrement l’attention. On trouvera une histoire des faits dans Chronologie de la guerre, publiée dans la série « Pages d’histoire » (Paris, Berger-Levrault). — Sur la méthode de La guerre en général consulter : Foch (général), Des principes de la guerre, — Mordacq, Henri (lieuteuant-colonel), La guerre au vingtième siècle. — F. Feyler (Colonel), La guerre européenne, avant-propos stratégique, Lausanne, Payot, 1915. — Les grands principes de la guerre moderne, dans la série « Cahiers de la guerre ». — Daniel Bellet, La guerre moderne et ses nouveaux procédés.