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il donne lieu à la création de l’Internationale. Le socialisme français (républicain, patriote, idéaliste, dit Hervé) est fils de la Révolution française, des révolutions de juillet 1830, de février 1848, de juin 1848, du 18 mars 1871.

La première Internationale socialiste a été fondée à la suite de l’Exposition universelle de Londres, où se trouvaient réunis des ouvriers de tous les pays. L’inspiration venait de Karl Marx et d’Engels qui, dès 1847, dans leur célèbre Manifeste Communiste avaient prévu ce rapprochement des prolétaires de l’industrie par-dessus les frontières. Des congrès eurent lieu à intervalles réguliers, depuis celui de Genève en 1866 jusqu’à celui de la Haye en 1872. Son organisation était très incomplète, ses ressources financières presque nulles. Elle n’avait formé dans les divers pays que des cadres auxquels les troupes manquaient, sauf en Angleterre, où les Trade Unions lui apportaient les meilleurs contingents. Celles-ci désertèrent l’Internationale par horreur de la Commune de Paris. L’état-major était déchiré par la rivalité de Marx et de Bakounine, l’esprit d’autorité et de discipline des Allemands, opposé à l’anarchisme destructeur des Slaves et des Latins. Après le congrès de la Haye, l’Internationale dut se dissoudre. Cependant, de 1873 à 1888 des congrès ouvriers en maintinrent la tradition jusqu’en 1889, où deux congrès rivaux avaient été convoqués à Paris. La seconde Internationale ne fut définitivement constituée qu’au second congrès de Paris, en 1900[1].

La nouvelle Internationale socialiste a reçu une organisation très complète. Ses congrès ont lieu périodiquement (Bruxelles, Zurich, Londres, Paris, Amsterdam, Stuttgard, Copenhague). Dans l’intervalle de ces assises l’Internationale est représentée par le Bureau socialiste international, qui siège à Bruxelles, à la Maison du peuple, et qui comprend les délégués des différentes sections ou leurs remplaçants. Le congrès de Stuttgard a codifié les décisions des congrès antérieurs. Le programme a condamné toute espèce d’asservissement, que ce soit d’une classe, d’un parti, d’une société ou d’une race. Le congrès de Londres (1896) a exclu de l’Internationale les anarchistes et les antiparlementaires, n’admettant que : 1° les partis socialistes politiques formés dans les différents pays et qui professent le collectivisme, c’est-à-dire la socialisation des moyens de production et d’échange, qui proclament que l’action de la classe ouvrière n’a point de frontières, et qui visent à la conquête de la puissance politique par le prolétariat organisé en parti de classe ; 2° les organisations syn-

  1. Jean Jaurès, Histoire socialiste. — Dans une série d’ouvrages, J. Bourdeau s’est efforcé de suivre par dates le mouvement socialiste, qui change très vite d’aspect : Le socialisme allemand, l’Évolution du socialisme, Socialisme et sociologie, Entre deux servitudes. — Bulletin périodique du Bureau socialiste international, Bruxelles.