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dres et régler les relations. Ces forces diverses en se combinant feront sa force ; elles coexisteront autonomes. — La notion de l’emboîtement, de la hiérarchie des souverainetés causerait ici de graves erreurs de jugement, conception romaniste du Pouvoir, reprise à son compte par l’impérialisme germanique : l’État absorbant en lui toute souveraineté et ne laissant survivre ni autorité, ni puissance en dehors de lui. La société moderne est bien trop complexe pour se plier à une simplicité aussi rigoureuse. Au contraire la conception anglo-saxonne est plus près de la vérité et c’est d’elle qu’il faut s’inspirer.

292.6. ADMINISTRATION, SERVICES PUBLICS ET VILLES. — Ces divers aspects de la collectivité mériteraient un examen spécial en se plaçant au point de vue international. La place fait ici défaut. Nous nous bornerons à noter ces deux points :

1. Les services publics et administratifs augmentent en nombre et en extension dans tous les pays. Le critère de la création d’un service public est le fait qu’il se produirait un désordre social par la suspension, même pendant un temps très court, de l’activité libre qu’il s’agit de transformer en activité publique. L’organisation du service public se perfectionne ; de nos jours, parallèlement à la décentralisation locale et régionale, s’opère une décentralisation par service.

2. Les villes sont devenues des organisations formidables ; elles ont attiré partout la population. Les États changent et se modifient, les villes restent avec leurs besoins propres. Parmi elles il en est qui sont tenues pour de véritables métropoles internationales d’une spécialité. Des unions entre villes ont existé de tout temps, en dehors des liens supérieurs de subordination aux États. On devra reconnaître à l’avenir des villes internationales relevant seulement de l’Union des États, comme les villes impériales relevaient seulement de l’Empire.

293. La Démocratie.

293.1. NOTIONS. — Nous vivons en un temps qu’on a pu justement qualifier « démocratie cosmopolite » : tous peuvent atteindre à tout et l’atteindre partout.

Dans l’histoire, toutes les démocraties ne se sont pas ressemblées. À Athènes, quelques milliers de citoyens libres, qui ont les loisirs nécessaires aux nombreuses occupations qui leur impose le soin des affaires publiques, gouvernent 400,000 esclaves et 45,000 métèques. Platon légifère pour une petite commune de 5040 foyers. La Révolution fait de la démocratie universelle son grand œuvre. En répandant partout ses principes, ce n’est pas une conquête guerrière et politique qu’elle se propose, mais une supériorité d’ordre purement intellectuel et moral. Parmi les peuples modernes, les États-Unis ont apporté au monde un magnifique exemple de démocratie. Leur