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291.3. LA POLITIQUE INTERNATIONALE. — 1. La politique internationale, partie de la politique générale, est l’art de gouverner les affaires extérieures de l’État. La complexité de ces affaires, la gravité des conflits qu’elles peuvent susciter donne à cette politique internationale une importance révélée par tout ce que nous avons dit jusqu’ici de la vie internationale elle-même[1].

2. Il faut se garder d’identifier le droit international et la politique. Chaque État a sa politique qui n’est pas autre chose que le programme auquel il se propose de conformer son action collective à l’extérieur. La politique doit s’inspirer des principes de droit et s’y conformer, mais il est facile de comprendre que, même en y restant fidèle, il y a bien des manières d’agir ; tout en restant honnête l’on peut être prudent ou téméraire, perspicace ou aveugle (Renault).

3. La politique internationale est souvent conduite avec des soucis de politique intérieure : une autorité chancelante, ou aux prises avec des difficultés, cherche des diversions au dehors. La politique intérieure et la politique extérieure sont en relation étroite et s’influencent réciproquement.

4. Les questions officiellement traitées par le cabinet sont généralement des questions symboles. On les envisage moins en soi que dans leurs rapports avec la politique générale, avec les avantages ou les échecs qu’ils peuvent occasionner à un gouvernement. Ceci est démontré surtout par l’histoire de l’Europe des dix dernières années.

5. Il est pour un État diverses espèces de politique internationale possible : politique d’effacement et d’isolement, politique d’orgueil et d’ambition personnelle du souverain, politique de caste, de coterie, visant la satisfaction d’intérêts particuliers, politique d’hégémonie et d’impérialisme, politique de l’équilibre, basée sur les alliances et sur l’affaiblissement de l’adversaire (la saignée périodique de la guerre anémiant son organisme), politique de coopération cherchant des terrains d’entente et admettant l’accroissement de force de l’adversaire simultané à son propre accroissement.

6. Les répercussions que détermine le moindre progrès militaire d’une grande puissance dans des régions estimées jusque-là hors des prises : l’ébranlement que communique aux Bourses des capitales, centres nerveux de la finance internationale, le plus léger mouvement

  1. Rod. Goldscheid, Rapport de la politique extérieure avec la politique intérieure, 1914 (en allemand}. — Sidgwick, The development of European politicy, London, 1903. — Seely, Introduction to political science, London, 1902. — Lord Brougham, Political philosophy. — Mac Verworn, Die biologhischen Grundlagen der Kulturpolitik, Iena, Fischer. — Bulvernicq, Le droit politique et le droit dans la vie des États, Revue de droit international et de législation comparée, t. IX, p. 361. — Funck Brentano, La politique, 1893. — Ferrari, La liberta politica del iddito internazionale, 1898. — Mingletti, Rapport de l’économie politique avec la morale et le droit, 1863.