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vre de jurisconsultes conservateurs décrivant ce qui est ou commentant des textes anciens.

k) Des explications complémentaires de définitions nouvelles dissipent souvent à l’avance bien des risques de froissement. Elles ne laissent pas la possibilité d’échappatoires. Les caractères francs et nets trouvent en elles un soutien. Le droit international sera explicite, à la fois synthétique et analytique. Il sera écrit et autant que possible codifié.

l) Le droit nouveau organisera les sanctions. Il réalisera la coexistence et l’union de la force et du droit. « La justice sans la force, disait déjà Pascal, est impuissante ; la force sans la justice, tyrannique ; et la justice sans force est contredite, parce qu’il y aura toujours des méchants ; la force sans la justice est accusée. Il faut donc mettre ensemble la justice et la force, et, pour cela, faire que ce qui est juste soit fort et que ce qui est fort soit juste. » Une force collective de sanction sera mise au service de la paix et de la justice. La sanction ne sera plus une chose théorique, vague, purement morale. Sa forme dernière sera la menace de l’intervention armée, donc de la guerre, mais de la guerre conduite par tous contre les récalcitrants. Après les désastres de cette guerre-ci, sa menace seule sera de nature à agir comme frein, car nul ne paraît plus disposé à la considérer comme une chose gaie, heureuse et désirable.

m) Le droit nouveau comprendra un droit criminel international, déclarant crime contre la société des nations des actes graves opposés à ce droit ; aujourd’hui, faute de sanction définie, il n’existe pour les chefs responsables des États que des actes moralement condamnables, que le succès paraît absoudre. Lorsqu’un État reconnaît son tort, la seule sanction qu’il admette est celle de la coutume des clans barbares de l’âge héroïque. C’est une sorte de compositio homicidi, une indemnité pécuniaire. Désormais il faudra un jugement public et solennel des coupables devant un tribunal européen, suivi de leur exécution capitale[1].

n) Enfin le droit nouveau ne devra pas se contenter d’être une idée ; il faudra avant tout qu’il soit un sentiment pénétrant les masses populaires elles-mêmes. Elles sont profondément intéressées depuis cette guerre à la solution des problèmes nés de la coexistence des États et de leurs conflits.





  1. Voir les idées exprimées à ce sujet par le professeur Lavisse et par Paul Stapfer, ce dernier dans « Bibliothèque universelle et Revue suisse « de Lausanne, n° d’octobre 1915, saisi. Les révolutions ont fait payer aux souverains, de leur tête même, leurs « crimes contre le peuple ».