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27.
FACTEURS MORAUX : LA MORALE UNIVERSELLE




La morale est le cadre des prescriptions dans lequel doivent se placer les actions humaines. Notre morale n’a pas su s’affirmer à la hauteur des événements. Il est tout un domaine ou elle n’a pas pénétré : celui des relations entre États et entre hommes de nations différentes. Qu’on y fasse attention : ce n’est pas ici la faillite de la morale elle-même, mais celle des systèmes de morale d’hier qui, incomplets et insuffisants, n’ont pas su imposer assez catégoriquement leurs impératifs, ni étendre leurs domaines sur les champs nouveaux qui s’ouvraient aux perspectives des hommes. À côté de ses systèmes d’idées, la morale n’a pas défini des règles précises d’action, ni trempé les caractères pour transformer leurs règles en réalité. Aujourd’hui, sous l’empire de la nécessité, la nouvelle morale internationale devrait naître sur les débris de l’ancienne. Déjà, au milieu des brumes du présent, nous voyons se profiler les fondements, les premiers contreforts et la disposition générale de son édifice. Nous ne pouvons ici qu’effleurer un si vaste sujet.

271. Notions générales.


La morale est la science des règles de conduite fondées sur la notion du bien et du mal moral. C’est la doctrine formulant les principes de pratique de vie, qui envisage le problème des fins, des buts de la société et des individus sous son aspect relatif. Elle n’est que l’expression des conclusions générales auxquelles conduisent les expériences humaines. Kant définit le bien moral : « ce qui peut être l’objet d’une volonté universelle[1]. »

La morale prend place à côté de la technique, du droit et de la politique, sans se confondre avec eux. Elle embrasse le champ

  1. Kant, Principe métaphysique de la morale (1885). — J. Bentham, Introduction aux principes de morale (1789). — Ch. Renouvier, Science de la morale (1868). — P. Janet, La morale (1873). — Schopenhauer, Fondement de la morale (1879). — H. Spencer, La morale évolutionniste (1879). — Ch. Secretan, Le principe de la morale. J. M. Guyau, Esquisse d’une morale sans obligations ni sanctions. — P. Janet, Histoire de la philosophie morale (1858). — Fouillée, Critique des systèmes de morale contemporains (1883) ; Les éléments sociologiques de la morale (1915). — Renouvier, Esquisse d’une classification systématique des doctrines philosophiques (1886). — Spencer, Qu’est-ce que la morale ?