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nots français ont été recueillis ou appelés en bien des pays, après la révocation de L’édit de Nantes ; celle-ci fit sortir de France 800,000 protestants : on peut se représenter ce que fut cet apport à l’étranger, la France ayant alors une avance d’un siècle sur certains pays.

Les guerres religieuses n’existeraient plus si les peuples avaient tous la même religion, ou s’ils étaient athées, ou s’ils étaient indifférents en matière religieuse, ou s’ils étaient tolérants. C’est la diffusion des principes de tolérance qui demeure le meilleur remède aux luttes religieuses : enseigner aux hommes l’histoire des religions autres que la leur ; empêcher que les représentants d’une religion ne revendiquent pour eux seuls le monopole de l’honnêteté morale ; dissocier la religion (rapports des hommes avec les divinités) de la morale (rapport des hommes entre eux).

2. Les religions sont-elles favorables, indifférentes ou contraires à la guerre ? Le christianisme dans son essence est opposé à la guerre. La doctrine du christianisme, dans pureté, est une doctrine de paix[1]. « Le fait d’une grande importance est la manifestation du sentiment, chez un nombre toujours croissant de chrétiens, que les églises avaient aussi la tâche de travailler au rapprochement des nations ; que c’est pour elles une honte de ne l’avoir entreprise ou même entrevue, et que pour cette raison elles portent une lourde part de responsabilités dans la guerre actuelle[2] ». Il y a en Europe et en Amérique 700,000 prêtres et pasteurs. S’ils étaient unis, quelle action ils pourraient avoir, pour agir tous dans le sens pacifique des vraies doctrines chrétiennes[3] ?

3. La guerre actuelle a été présentée par certains comme un châtiment de Dieu. L’idée s’est fait jour qu’en ayant chassé la religion de la société civile et en ayant rompu avec la papauté la France avait mérité le courroux de Dieu. La guerre serait donc « un châtiment que le Ciel envoie à la France pour lui faire expier ses péchés, notamment la dissolution des congrégations et la séparation de l’Église et de l’État[4]. » On a répondu, même du côté catholique, à de si supersti-

  1. Dodge, War inconsistent with the religion of Jesus-Christ. — La guerra et l’insegnamento della scuola cattolica. Estrate della Civitta Catt. Quard 1555 del 3 Aprile 1915. — A. Loisy, Guerre et Religion (1915). — Scholz, Der Krieg und das Christenthum (1915).
  2. L. Emery, Prof. de théologie à Lausanne. « Gazette de Lausanne », août 1915.
  3. Georges Holley Gilbert, The Bible and universal peace, New-York (1915). Martin Rade, Der Beitrag der christlichen Kirchen, zur internationalen Verständigung, Stuttgart, Kohlammer, (1913). — Le groupe anglais de la « World Alliance of churches », publie dans son journal, Goodwill, des articles pour promouvoir à l’entente internationale à l’intermédiaire des Églises.
  4. « Les erreurs de la France, c’est-à-dire les violations du pacte conclu par Clovis avec l’église catholique, ont toujours été punies, par des catastrophes nationales. Au XVme siècle, l’Invasion anglaise punit la France de son infidélité. Au XVIme