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adopté un type technique unique ; les unes sont du type monophasé, les autres du type triphasé. Elles ne peuvent donc pas se suppléer, s’entr’aider. Et c’est d’autant plus regrettable que les eaux des Alpes et celles du Jura se font compensation, car les étiages y sont différents. Dans la Suisse, toutes les usines auraient dû former réseau, et ce qui est vrai d’un pays, est vrai de l’ensemble des pays et surtout d’un groupe de pays limitrophes. L’on devrait songer aux possibilités internationales d’utilisation de chutes d’eau des Alpes. L’Europe ne possède qu’un grand massif montagneux. L’économie du globe et de l’humanité est-elle conciliable avec son utilisation au seul profit d’une population de quatre millions de Suisses. k) Il est nécessaire enfin d’envisager ces autres forces naturelles que sont les hommes. On gaspille leurs existences et leurs énergies. Quand les nations civilisées n’auront plus à se défendre les unes des attaques des autres, elles pourront exercer sur une large échelle la charité internationale, dont cette guerre a vu de si nobles exemples (tout un peuple, la Belgique, nourri par un autre peuple, les États-Unis !} Elles pourraient aussi développer l’éducation humaine dans des proportions infiniment plus vastes qu’aujourd’hui. Sur 1500 millions d’êtres humains qui peuplent maintenant le globe terrestre, 800 millions seulement vivent sous le régime de sociétés civilisées. Il s’agit de tirer le plus vite possible les autres 700 millions de la misère et de l’abjection où ils croupissent encore. Cela revient à conduire désormais la colonisation et le protectorat selon des vues moins égoïstes et moins indifférentes eu égard aux populations indigènes.

259. Conclusions.


Après l’analyse des divers éléments qui composent la vie économique et l’examen au point de vue international de ses divers domaines, une vue d’ensemble et des conclusions sont nécessaires. Nous les grouperons sous trois idées : Conditions et facteurs de la vie économique internationale, ses desiderata, l’organisation qu’elle devrait recevoir[1].

259.1. CONDITIONS ET FACTEURS. — a) L’économique s’affirme à la base de la vie des nations, comme elle l’est à celle des individus. b) Le monde entier est devenu le territoire où agissent les hommes, qui ne se laissent pas arrêter par les frontières pour leurs affaires et leurs intérêts. Hommes, idées et produits circulent. Il y a

  1. Le cadre forcément restreint de cet ouvrage ne nous a pas permis d’aborder plusieurs questions, cependant fort importantes, celles notamment qui concernent la consommation et la répartition ; la tendance à faire, de la consommation plutôt que de la production, la base de l’organisation économique ; la transformation des besoins ; la hausse des prix, problème déjà mondial avant la guerre ; les conceptions nouvelles relatives au rôle du capital, du crédit, de l’amortissement rapide et la possibilité de généraliser et d’internationaliser les faits récents produits en Allemagne et aux États-Unis dans ces domaines, etc.