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des chemins de fer a conduit à de nombreux problèmes d’internationalisation, sans la solution desquels tous grands progrès, deviendraient impossibles dans ce domaine.
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a) Il faut que les chemins de fer soient mis bout à bout en un réseau continu et homogène à travers tout un continent ; il faut pour cela réaliser l’unité technique de la voie et du matériel : même écartement, même gabarit, même système de simplification d’éclairage et de chauffage des voitures. Des accords internationaux peuvent seuls obtenir ces résultats. Ils ont été réalisés en Europe par les Conférences internationales d’unité technique des chemins de fer.
xxxxb) L’unité d’exploitation exige l’unité du contrat de transport, le billet direct, la lettre de voiture internationale, les tarifs combinés, l’identité de clause de responsabilité pour avaries et retards. La convention internationale des transports l’a réalisée avec l’Union créée pour sa mise en couvre (Union internationale des transports), qui a sa première origine dans le « Verein Deutscher Eisenbahnverwaltungen », fondé en Allemagne en 1846. Des services communs, tant pour le décompte des sommes dues successivement aux diverses administrations que pour le règlement de ces sommes, sont nécessaires ; ils se font sous le contrôle de l’Union internationale.
xxxxc) Les chemins de fer constituent un des principaux placements de capitaux nationaux privés à l’étranger. C’est avec l’argent de toutes les épargnes du monde qu’ont été construits les chemins de fer du monde. Ce sont des capitaux français qui ont créé les chemins de fer russes, italiens, espagnols ; les capitaux anglais ont aidé à créer les lignes de l’Amérique du Nord et du Sud. On évalue à cent milliards les capitaux européens engagés dans les chemins de fer de l’Union.
xxxxd) Beaucoup de chemins de fer ne pourraient renter le capital qui y est investi, mais leur existence peut améliorer à ce point des réseaux nationaux limitrophes que les administrations de ceux-ci sont amenées à contribuer à leurs frais d’établissement. C’est ainsi que le capital de la ligne du Gothard et du Simplon a été fait par l’Italie et l’Allemagne, conjointement avec la Suisse. C’est ainsi qu’un Transsaharien, une ligue allant de Tanger à Dakkar, ne pourraient jamais être construites sans la coopération de tous les pays dont les territoires ou colonies sont intéressés.
xxxxe) Bien des grands chemins de fer, existants ou projetés, ont une histoire internationale très fertile en incidents. Elle aboutit tantôt à la collaboration des États, tantôt à une lutte fort préjudiciable à l’ensemble de la communauté humaine : le Transsibérien (lutte avec la Chine et le Japon), le Canadian Pacifique (lutte avec les intérêts des Américains du Nord), le Cairo-Cap (lutte des Anglais contre les Allemands et les Belges).
xxxxf) Certains chemins de fer ont un caractère de conquête inter-