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de faciliter le développement commercial des membres de l’Union et d’entraver le développement austro-allemand de façon à l’empêcher pendant longtemps de troubler la paix mondiale. Ce serait surtout l’exportation allemande dans les pays neutres que l’on tendrait à paralyser. À cet effet, il est proposé d’adopter un triple tarif : a) Tarif de « défense » à taux très élevé, presque prohibitif, destiné au groupe austro-allemand et aux pays neutres qui, au point de vue commercial, feraient cause commune avec lui. b) Tarif d’« amitié », à base beaucoup plus modérée, que les nations alliées accorderaient à titre de réciprocité aux pays neutres qui appliqueraient eux-mêmes les dispositions du tarif de défense aux produits allemands. c) Tarif d’« alliance », encore plus modéré que le précédent, mais exclusivement réservé aux nations alliées ayant contribué « par les armes » à la victoire finale.

À ces projets se rattachent la réunion franco-italienne de Cernobio, la mission française envoyée dans l’Amérique du Sud, les pourparlers parlementaires engagés entre Français et Russes, les délibérations de la Chambre de commerce de Londres, la Conférence internationale commerciale et l’accord entre les alliés de ne signer avec l’Allemagne et l’Autriche aucun traité de commerce sans entente réciproque et mutuel consentement.

B) Une Union économique de l’Europe centrale se négocie en ce moment, non sans difficultés (Mittel-Europäische Wirtschaftsverein). Il est question d’y comprendre le règlement uniforme des questions relatives aux syndicats d’employés et d’ouvriers.

Entre ces deux « mondes économiques », que deviendront les neutres ? Ils n’auront d’autre sort que de se laisser écraser ou absorber ou, si l’échange universel est inéluctable, de servir d’intermédiaires.

La rapidité avec laquelle se constituent les deux groupes économiques adverses laisse entrevoir une guerre commerciale après la guerre militaire, à moins que la violence même des oppositions n’amène forcément les parties à traiter de ces questions au moment de la paix.

Un fait certain : c’est qu’il est désormais impossible de concilier la paix politique et l’antagonisme économique.

L’introduction libre échange d’un nouveau régime économique visant tous les pays du monde va être singulièrement facilitée. Entre les belligérants il n’y a plus de traités. Quant aux autres États, les conventions commerciales qui les lient entre eux ou avec les belligérants ne se composent pas de dispositions arbitraires, mais constituent un système où tout se tient, de manière à obtenir des avantages fiscaux ou des protections industrielles basées sur la clause de la « nation la plus favorisée ». Toute modification à un traité entre belligérants doit forcément entraîner aussi des modifications corrélatives dans les traités entre nations non belligérantes. On peut donc conclure qu’après la guerre toutes les relations économiques internationales seront à