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risme. Multiplication des cmptoirs, des magasins, des boutiques ; immenses bazars, flanqués de gigantesques entrepôts ; accroissement du nombre des personnes s’occupant du commerce. En Allemagne, par exemple, les salariés du commerce ont passé en vingt-cinq ans de 1,340,000 à 3,340,000. La vente, obtention de travaux et de commandes, a suivi les progrès de la technique. Dans d’immenses bureaux sont répartis les services de comptabilité, de correspondance, d’études des commandes. Les affaires peuvent se traiter à distance, grâce à la documentation qui précise toutes les questions : catalogues, photographies, échantillons, références, contrats-types, devis, présentés en la monnaie de l’acheteur, avec prix calculés rendus franco-station de sa ville. Armée de voyageurs spécialistes en chaque matière, parcourant le monde à la recherche des commandes. Publicité, prenant des proportions colossales, basée, comme d’ailleurs toutes les opérations inhérentes à la vente, sur la psychologie de l’acheteur {études systématiques poursuivies dans les laboratoires américains sur le mécanismes mental de la réclame). Des livres d’adresses, des services publics d’adresses, recueillant et classant par spécialités les noms des principaux fabricants importateurs et exportateurs du monde (exemple, le Kelly’s Directory).

Deux grandes institutions coordonnent de plus en plus le commerce : en haut de l’échelle les bourses de commerce, en bas de l’échelle, en contact direct avec les consommateurs, les grands magasins. Ceux-ci offrent, à l’acheteur vingt, cent magasins, cinq cents boutiques réunies en une seule, divisée en autant de rayons que de catégories de marchandises et tendant à réaliser de plus en plus la conception du bazar universel, s’approvisionnant aux marchés de partout, et allant chercher l’acheteur partout. C’est par centaines de milliers que se comptent par exemple les provinciaux et les étrangers faisant au Louvre, au Bon-Marché, au Printemps leur commande sur le simple vu des catalogues échantillonnés.

Quant aux Bourses du commerce, elles se sont à ce point détachées de la présence de toute marchandise que certaines d’entre elles ne sont plus que des réunions de contractants, spéculant à terme sur la hausse ou la baisse des principaux produits. Toutes les variétés d’une même espèce de marchandise ont été ramenées à quelques types fondamentaux, auxquels par un barême de coefficients peuvent être rapportés tous les produits particuliers. Ainsi le prix des unes entraîne nécessairement celui des autres, et la cotation des grands marchés régulateurs domine celle des marchés secondaires (exemple, pour le coton Liverpool, pour le blé Londres et Budapest). Comme des liquides dans des vases communiquants, les prix s’uniformisent sur tous les marchés du monde. On a développé aussi les grandes foires. Celle de Leipzig a lieu tous les ans pendant une dizaine de jours.