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253.3. ÉMIGRANTS. — L’appel et l’utilisation des ouvriers étrangers remonte à très haut dans l’histoire. Ce sont les ouvriers flamands appelés en Angleterre qui aident à y établir les premières industries textiles. Colbert, sous Louis XIV, appelle en France des ouvriers étrangers, des Vénitiens, des Anglais, des Suédois, des Allemands et leur demande d’enseigner aux Français les meilleures procédés de fabrication des glaces, de l’acier, du goudron, du fer-blanc, etc.

L’émigration transmarine des États de l’Europe, de 1880 à 1910, a été de 6,430,000 pour l’Italie, 4,639,000 Angleterre, 3,522,000 Autriche-Hongrie, 2,384,000 Irlande, 2,172,000 Allemagne, 984,000 Écosse, 846,000 Suède, 767,000 Portugal, 485,000 Norvège, 263,000 France, 211,000 Danemark, 201,000 Pays-Bas, 190,000 Suisse.

Aujourd’hui il y a 230,000 ouvriers italiens émigrés en France ; 250,000 ouvriers polonais s’en vont chaque année cultiver les terres des agrariens allemands et rentrent chez eux pour y passer l’hiver. Les Italiens font en grand nombre la double traversée de l’Atlantique jusqu’en Argentine. Des Espagnols font de même et l’on s’efforce de donner aux ouvriers agricoles la possibilité de préparer et de faire la moisson chez eux avant leur départ. Le nombre des émigrants pour les trois premiers mois de l’année a été le suivant dans les quatre grands ports d’Europe :

    01913 01914  
Brême 
46,219 40,469
Hambourg 
35,531 26,652
Anvers 
17,551 12,759
Rotterdam 
14,780 08,667

Parmi les mesures relatives à l’émigration, il faut citer celles prises au États-Unis et en Australie contre les immigrants, principalement contre les Italiens, les Chinois et les Japonais et aussi la loi française du 8 août 1891 concernant le séjour des étrangers et la protection du travail national. L’Institut de droit international a établi en 1907 un projet d’accord international en matière d’émigration (tome XVI, p. 262)[1].

253.4. ORGANISATION OUVRIÈRE INTERNATIONALE. — Le travailleur moderne est syndiqué, fédéré, confédéré. D’affiliation en affiliation, les syndicats constituent de puissantes forces qui

    Bulletin de l’Office international du travail a publié les « mesures de guerre dans le domaine de la protection ouvrière ».

  1. Émile Levasseur, Histoire des classes ouvrières et de l’industrie en France, 1903-1904. — F. Simiand et Al. Goineau, Les conditions des travailleurs depuis 50 ans. — André Liesse, Le travail, 1899. — Charles Benoit, L’organisation du travail, 1905. — Paul Hudry-Ménos, L’évolution du service domestique, Revue socialiste, mai 1897.