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prochain, c’est-à-dire quelques siècles, mettons un millier d’années, pendant lesquelles les conditions physiques de la terre resteront sensiblement les mêmes, et l’avenir ultérieur.

Pendant la première période on peut entrevoir que la terre se couvrira de plus en plus d’habitants et que ce transport continuel et croissant des hommes d’une partie du monde à l’autre produira des mélanges de races de plus en plus fréquents. Les races inférieures de nombre, de force physique, ou d’intelligence doivent ou disparaître ou se fondre avec les autres (Australiens, peuplades du Pacifique, Hottentots). Les races moins inférieures mais peu actives (Mexique, Pérou) s’amalgameront avec leurs conquérants de manière à constituer des populations intermédiaires. Trois races principales, les blancs, les jaunes et les noirs, douées de qualités précieuses pour envahir, se mêleront aux autres races et entre elles, suivant les circonstances locales. Les blancs ont l’avantage de l’intelligence mais ne supportent pas les climats chauds comme les deux autres. Les noirs ne supportent pas les climats froids. Les jaunes peuvent s’adapter aux deux climats. La modification de l’homme lui-même se produira par un effet de la variabilité, de la concurrence et de la sélection qui en résulte. La lutte est de siècle en siècle plus active à cause de l’augmentation de population et des progrès de la science, de l’industrie, du commerce, qui obligent les individus à savoir davantage et à faire de plus grands efforts. De là aussi un développement probable de plus en plus marqué du système nerveux, des facultés intellectuelles, et aussi probablement de la moralité. De ces nouvelles conditions intellectuelles et morales découleront probablement une moindre fécondité (le développement du système nerveux a pour effet la diminution de l’accroissement des populations). Cette moindre fécondité pourrait devenir une nouvelle source de progrès moraux et intellectuels. Mais l’histoire cependant est d’accord avec la théorie pour montrer à quel degré la marche du côté de l’intelligence et de la moralité est irrégulière et douteuse. Que d’hommes éminents depuis Socrate jusqu’à Lavoisier ont péri de mort misérable ! Que d’invasions de barbares ! Il se pourrait aussi que l’amélioration des facultés intellectuelles dans les races déjà avancées ne marchât pas assez vite pour les besoins croissants d’une civilisation qui grandit énormément. Si nous commençons à ne pouvoir marcher avec la vitesse, avec la même vitesse que notre propre ouvrage, la civilisation ; si nous nous sentons surchargés par les complications qu’elle crée, nous dégénérerons à la suite d’exigences qui dépasseront nos moyens. Telles sont les vues que nous pouvons avoir sur un avenir rapprocher de l’humanité.

Pour un avenir plus éloigné, mettons cinquante à cent mille ans, il est encore possible d’envisager certaines tendances et certains états de l’espèce humaine. Deux cas sont à envisager. D’abord des accidents