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tion ou retour au nationalisme d’une part ; recrudescence d’internationalisation d’autre part. En effet, la guerre, lutte violente entre États, est avant tout un phénomène international, le premier en date des modes d’action des pays entre eux. Entre alliés de l’un et de l’autre camp il règne un internationalisme étroit (interalliéisme), qui ne pourra pas ne pas survivre à la guerre : unité de diplomatie, mise en commun des forces militaires et financières, sympathies communes manifestées sous mille formes différentes. Quant au neutres ils sont divisés en pro-alliés, et pro-germains. Ils participent ainsi à un haut degré aux influences d’idées, d’intérêts et de sentiments des belligérants, et c’est là un état d’internationalisme actif. Et en outre certains pays neutres, tampons entre belligérants (Hollande, Suisse, pays scandinaves) sont devenus le centre de relations internationales plus intenses qu’avant la guerre. — Entre tous les pays qui ne sont pas en guerre, et entre ces pays et les belligérants, il continue à y avoir des relations internationales normales. Si nous envisageons l’enjeu de la guerre, ce pour quoi luttent les nations, nous voyons en lui un objet international, car la conquête, aussi bien que les mesures pour la rendre impossible, ont ce caractère. Enfin, et surtout, nous voyons un développement de l’internationalisme dans les conséquences mêmes de la guerre. Il ne pourra être apporté de décision définitive au conflit, que ce soit en une ou en deux étapes, après cette guerre ou après celle qui serait la conséquence d’une paix boiteuse, qu’en donnant une organisation internationale à la Société des nations.

On peut donc dire que de cette crise mondiale les intérêts des nations sortiront encore plus solidaires, et ceux des individus encore plus enchevêtrés que par le passé. C’est dire que l’internationalité se sera accrue dans le monde.

b) Au point de vue du droit il est de principe que les rapports conventionnels entre les États qui sont en guerre ne sont pas nécessairement supprimés ou suspendus par l’ouverture des hostilités. Le droit subsiste au contraire tant qu’il est compatible avec l’état de guerre et n’est pas annihilé par la force militaire.

L’Institut de droit international s’est prononcé sur cette question en sa session de Christiana (1912). Autrefois la guerre était tenue pour une lutte entre deux peuples. Aujourd’hui, en théorie, elle est tenue par une lutte entre forces organisées des États, troublant pour un temps l’ordre international sans le mettre en cause tout entier. On doit conclure, par le nombre toujours croissant des traités maintenus en vigueur, que l’effet extinctif de la guerre a cessé d’être la règle et que ce n’est plus qu’à titre exceptionnel que les traités sont abrogés. En particulier, ne sont pas abrogés les traités fixant le droit, les traités collectifs conclus dans l’intérêt du bien public (unions internationales), les traités particuliers non politiques. Leur fonction-