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nombre d’organisations différentes sont possibles et peuvent être également bonnes. L’organisation spontanée, dès lors, n’est guère possible ; elle doit être le résultat de l’entente et d’une systématisation consciente. Elle est un acte de volonté simultané de tous les individus groupés dans la poursuite d’un but commun. Dans la société considérée dans son ensemble elle peut cependant paraître intermittente, car tour à tour, selon les circonstances, elle apparaît et se dissipe dans les activités sociales. La coordination ne se confond pas avec la conformité sociale. On pourrait appeler celle-ci une sorte de coordination spontanée et automatique. La coordination véritable a un caractère nettement volontaire. Elle a pour base des programmes d’ensemble, des buts collectifs arrêtés de commun accord, et des ententes sur les moyens pour les réaliser. — La coopération a pour base d’une part, la division du travail et la répartition des tâches, d’autre part la concentration des résultats du travail ainsi organisé. Elle a pour résultats d’intensifier le rendement du travail (Voir n° 236.1). — La centralisation, l’établissement des services centralisés, peut donner une grande puissance d’action. Des motifs d’économie de forces y conduisent. Ainsi il suffit pour le monde entier d’un service central international des poids et mesures (Bureau International des poids et mesures), d’un service central de sismologie (Bureau sismologique international), d’un répertoire bibliographique universel (Institut international de bibliographie), etc. — La fédération réalise le groupement des organismes entre eux sans leur faire perdre rien de leur indépendance et de leur autorité. Le processus de la fédération s’applique à la vie nationale et à la vie internationale. (Voir n° 232.7, Associations internationales et n° 294.1, Fédération politique.)

24. L’internationalisme pendant et après la guerre. — L’idée d’internationalisme depuis la guerre a subi un terrible recul, mais il faut distinguer la réalité des apparences. Bien des relations internationales ont été rompues, l’internationalisme a été renié, les hommes ont brûlé ce qu’ils avaient adoré pour adorer ce qu’ils avaient brûlé. Une vie internationale reprendra-t-elle après la guerre et assistera-t-on à la répétition à ce qui advint peu après toutes les autres guerres, c’est-à-dire une reprise d’activité par delà les frontières ? Au contraire, cette fois, la crevasse aura-t-elle été plus profonde, les peuples demeureront-ils pour un long temps chacun sur leur flot ? Sans prophétiser bornons-nous à présenter quelques considérations.

a) Et tout d’abord il paraît à priori impossible d’admettre que les facteurs fondamentaux de la vie économique, intellectuelle, politique, qui ont conduit à l’internationalité puissent à ce point être modifiés par le seul fait de la guerre ; après celle-ci, la plus grande partie de ces facteurs continuera à agir dans le même sens. — Ensuite le spectacle offert par la guerre elle-même est double : large désinternationalisa-