Page:Otlet - Problèmes internationaux et la guerre.djvu/174

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

services publics, ce sera là le domaine du droit international et de l’administration internationale internationalisée.

Conclusions : L’activité est spontanée, individuelle, fragmentaire, incoordonnée avant d’être organisée. Puis vient l’organisation libre. Celle-ci est un stade qui conduit à l’organisation officielle. Le tableau suivant résume les distinctions à faire :

Organi-sation
libre
individus
individuel
local
national
international
études
(pensée
contemplation)
associations
   
officielle
droit
administration activités
(volonté)



237. Les sphères de l’action sociale.


L’action des sociétés s’exerce dans des sphères qui ont été en s’élargissant sans cesse : la famille, la tribu, la cité, le comté ou le duché, le grand état moderne, et finalement de nos jours la communauté internationale. Nous grouperons les faits et les considérations à présenter à ce sujet sous trois chefs d’idées : Le Nationalisme, l’Internationalisme, L’Humanité.

237.1. LE NATIONALISME. — 1. Le principe national. — L’histoire de la fin du moyen âge et de la période moderne de l’Europe est celle de la constitution des grandes nationalités qui ont nom France, Angleterre, Allemagne, Espagne, Italie, etc. Dès la fin des grandes invasions les peuples de l’Europe occupent les territoires sur lesquels depuis ils n’ont cessé, à très peu d’exceptions près, de vivre et de se développer. Dès ce moment commence aussi le lent travail de leur consolidation politique. La féodalité en est la première phase. Sur les débris de l’empire romain morcelé, et auprès desquels ont pris place au hasard les éléments des peuples barbares, elle élève ses premières structures hiérarchiques. Celles-ci à peine achevées, s’ouvre une deuxième phase : la Royauté et l’Empire deviennent des principes agissant dans le sens de la centralisation ; ils incarnent à un haut degré l’idée de la nation et de l’État, et la font triompher vers le temps de la Renaissance. Les grands États une fois constitués, ils entrent eux-mêmes en lutte, comme luttaient antérieurement entre eux les éléments indépendants dont ils étaient faits, et qu’ils avaient réduits en simples provinces. L’histoire des XVIIe, XVIIIe et XIXe siècles est l’histoire de ces luttes, chaque grand État cherchant successivement une hégémonie sur les autres, et la voyant ensuite lui échapper. Mais tandis que se développaient ainsi les relations politiques, les conditions générales de la vie se modifiaient profondément. En réalité, depuis les temps les plus reculés jusqu’au XVIIIe siècle, le développement du monde avait suivi une direction natio-