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nant de chercher à se perfectionner en l’appliquant et en s’efforçant de créer des types supérieurs encore à ceux qui existent actuellement.

4. Influence internationale d’une organisation supérieure. — Les différences de race n’avaient longtemps qu’une importance toute « pittoresque ». Le grand concours des peuples dans tous les domaines n’existait pas comme aujourd’hui. Les peuples sont plus ou moins travailleurs, intelligents, créateurs, artistes et savants. Et pourtant les efforts de tous étant mis en concurrence, ce que fait et produit chaque individu devient comparable et mesurable sur le marché mondial de l’offre et de la demande. Jusqu’ici, parmi les Polonais, les Brésiliens, les Bulgares, les Japonais il y avait, entre nationaux mêmes, des luttes pour la première place. Aujourd’hui il est des races entières qui en supplantent d’autres sur le marché universel. Tous les peuples devront donc s’adapter au degré d’organisation, d’instruction, de volonté du plus fort. Toutes ces qualités, en effet, viennent se matérialiser en un produit placé sur un marché mondial. Le produit supérieur fait baisser la valeur de tous les autres. Sous cet aiguillon, les conditions des autres finiront bientôt par s’égaliser. — Voici comment s’exprime à ce sujet un Français qui fait un examen de conscience nationale : Gui d’Orsel. « Le Français est individualiste. Il ne compte que sur lui et ne s’intéresse pas aux affaires des autres. Chacun pour soi et Dieu pour tous. Il aime sa patrie, sa famille, ses amis, non pas en vertu de principes abstraits, mais parce qu’ils lui sont chers. C’est clair et logique : c’est une formule sociale agréable et qui sera toujours chère aux gens d’esprit. Malheureusement elle devient intenable s’il plaît au voisin, s’il plaît à un peuple de se soumettre à une discipline constante, faisant taire toute fantaisie individuelle ; il peut concurrencer utilement les autres grâce à l’unité de direction et à la répartition économique des forces. C’est la formule des Allemands, peu personnels par nature ; c’est l’organisation ». — Conclusion : il faut s’attendre après la guerre à ce que chaque peuple accentue chez lui l’organisation. Déjà les Anglais sont en train de se réorganiser, de se socialiser ; les Français, les Américains, laissent voir une même préoccupation. La tendance sera accentuée par la nécessité de faire face avec des moyens réduits à des besoins immenses, et facilitée par l’accoutumance à l’ère de collectivisme militaire par lequel le monde aura passé durant de longs mois.

5. Organisation et liberté. — À l’organisation s’oppose l’initiative individuelle. L’organisation germanique est basée sur la discipline inconditionnelle. L’initiative latine est basée sur une liberté individuelle qui va souvent jusqu’à la licence et le désordre. La civilisation heureusement nous montre des formes supérieures où la liberté et l’organisation ont pu s’allier. C’est la formule des Anglo-Saxons, réalisée dans sa plus haute expression aux États-Unis. Au point de vue