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tives faites pour réaliser ce programme d’entente. On attribue l’action, ou plutôt l’inaction des ministres, à la répugnance des commissions parlementaires compétentes à entrer dans la voie qu’on prétendait ouvrir. — Au point de vue hygiénique, économique, scientifique, éducatif, un très vaste champ est ouvert à la coopération mondiale. Nous aurons occasion de le montrer. — Au cours de la guerre les deux groupes de nations belligérantes se sont accoutumés à coopérer étroitement ensemble. Devant le danger commun les soi-disant impossibilités de la veille ont fait place à des réalisations pratiques. On a échangé des troupes, des munitions, des aliments ; on a réglé le régime des industries, celui des finances, etc. C’est la voie ouverte si l’on veut aux coopérations après la guerre, coopérations internationales sinon mondiales.

236.2. ORGANISATION OU ANARCHIE. — 1. Notions de l’organisation. — On peut définir l’organisation des liens de dépendance permanents établis entre les hommes, les choses, les opérations, selon un ordre préconçu et voulu. Depuis la plus haute antiquité, on sait que toute organisation repose en somme sur trois termes : savoir, prévoir, vouloir. Savoir, c’est être renseigné sur toutes les conditions extérieures dans lesquelles la vie d’un peuple doit évoluer, de manière à se garer contre celles qui sont défavorables, et profiter de celles qui sont favorables à sa prospérité. Prévoir, c’est, quand on sait, tout préparer pour réaliser, dans les conditions connues, ce que tout peuple doit chercher à s’assurer la sécurité et le succès dans les entreprises qui sont la condition de sa prospérité. Vouloir, c’est, une fois qu’on s’est lancé dans une entreprise au préalable reconnue utile et réalisable, en poursuivre la réalisation jusqu’à ce qu’elle ait été obtenue. (E. Périer). L’organisation s’applique à tous les degrés de l’association et de l’action humaine : l’organisation de l’usine, de l’atelier et du bureau ; celle du laboratoire, de l’école et de l’université ; celle de la ville, de la province et de l’État, et, au dernier degré de la hiérarchie des structures, celle de la communauté mondiale. L’organisation a son prototype dans la nature. « Le premier caractère des êtres vivants, c’est l’organisation. On veut dire par là qu’ils ont une structure ; que ce sont des corps complexes formés de parties aliquotes plus petites et groupées suivant une certaine disposition[1]. » Organiser, c’est coordonner, et coordonner c’est disposer selon certains rapports ; c’est combiner dans l’ordre assigné par la forme ou la nature des éléments. Chez les êtres vivants, la coordination c’est l’agencement des parties du corps, grâce auquel peuvent s’accomplir les fonctions nécessaires à la vie de cet être. Toute vie n’est régulière et ne peut se développer que dans un organisme adéquat, disposant

  1. Dastre, La Vie et la Mort, page 152.