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se conformer sur la justice politique. Ces faits résultent du développement de la responsabilité humaine et doivent être considérés comme représentant notre civilisation occidentale. Le christianisme a créé cette responsabilité.

4. L’avenir de la civilisation. — « La destination de la société parvenue à sa maturité, n’est point d’habiter à tout jamais la vieille et chétive masure quelle bâtit dans son enfance, comme le pensent les rois, ni de vivre éternellement sans abri après l’avoir quittée, comme le pensent les peuples ; mais, à l’aide de l’expérience qu’elle a acquise, de se construire avec tous les matériaux qu’elle a amassés, l’édifice le mieux approprié à ses besoins et à ses jouissances[1]. » La nouvelle civilisation, — l’édifice qui doit remplacer la vieille et chétive masure, — ne peut être qu’une société construite, en tenant compte de toutes les données actuelles, et s’élargissant jusqu’à comprendre l’humanité entière. « Il n’y a qu’une culture : celle qui est faite, celle qui sera faite de ce qu’il y a de meilleur, de plus moral, de plus élevé et de plus noble dans l’œuvre d’amélioration, de perfectionnement et de progrès poursuivie par tous les peuples, quels qu’ils soient. Il n’y a qu’une culture : la culture humaine (H. La Fontaine). »

236. Les modes de l’action sociale.


L’examen des modes de l’action sociale soulève les deux questions de la coopération ou de la lutte, de l’organisation ou de l’anarchie.

236.1. COOPÉRATION OU LUTTE. — 1. Il y a dans la société deux grands mouvements analogues à ceux de la nature cosmique, une force qui sépare : lutte, compétition, rivalités, guerre (force centrifuge) ; et une force qui unit ; association, coopération, organisation, paix (force centripète). Tout ce qui existe est, dans le monde social comme dans le monde physique, la résultante éphémère, transitoire du conflit de ces deux forces. En ce moment l’homme peut choisir entre ces deux forces : guerre ou coopération des nations, tel est le dilemme.

2. Il y a concurrence, compétition, rivalités nationales chaque fois que la personne de l’État, ou les ressortissants de l’État, en groupes suffisamment importants, rencontrent sur un terrain quelconque, soit un autre État soit ses ressortissants, et qu’il en résulte une limitation de leur action respective. De là les rivalités économiques, politiques, intellectuelles. L’expansion de la vie conduit à l’antagonisme, celui-ci à la rivalité ; d’où conflit pouvant donner lieu à la guerre après laquelle il y a transaction et compromis. Ne vaudrait-il pas mieux commencer de suite par ce dernier ?

3. Coopérer c’est joindre ses efforts, son action, aux efforts, à l’action

  1. Comte, Plan de travaux scientifiques nécessaires pour réorganiser la société.