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tôt de ce que les excitations sont faibles, ce qui est le cas chez les peuples dont le caractère est mou, tantôt de ce qu’ils sont contrariés par d’autres sentiments. Quant à l’excès d’impulsion, il entraîne l’affaiblissement du vouloir de deux manières : tantôt la volonté cède à l’impulsion, sans presque en avoir conscience, c’est une sorte de réflexe, tantôt au contraire elle lutte plus ou moins et succombe, accomplit des actes qu’elle ne veut pas. Ce mécanisme de la volonté chez l’individu, on le retrouve chez les collectivités. Chez elles aussi, le je veux constate une situation, mais ne la constitue pas[1]. e) Il est des peuples fatalistes. Le fatalisme vulgaire fut la croyance des anciens Grecs ; il est aujourd’hui encore celle des Musulmans. « Tous les événements importants de notre vie, disent les fatalistes, se produisent sous l’empire d’une absolue nécessité : quoi que nous fassions, ils ne peuvent manquer d’arriver. » f) Les conditions dans lesquelles s’exercent la volonté collective, en particulier la manière dont s’élabore une décision politique, est d’un haut intérêt. Elles sont étudiées à la lumière de la technique, de la psychologie et de l’histoire des assemblées délibérantes. À cette question se rattache celle de la soumission de la minorité à la majorité, la loi ou la décision devenant commune à tous quand cette dernière s’est prononcée. (Voir n° 334. pour la majorité en matière internationale.)

234.3. LES HABITUDES, LES MŒURS, LES COUTUMES. — L’habitude est une disposition durable et acquise à accomplir certains actes, à subir certaines influences. Descartes explique l’habitude par la constitution de chemins tracés par l’action mécanique des « esprits animaux ». L’influence nerveuse remplace de nos jours les « esprits animaux » et des processus chimiques expliquent la constitution des chemins. Tout fonctionnement des cellules aboutit à des prolongements qui unissent des cellules à d’autres et créent des passages et des chemins, conditions physiologiques de l’habitude. La répétition des actes, une activité concentrée, crée l’habitude. La force de l’organisme, au lieu de se répandre au hasard, se porte entièrement au point où elle est utile. Par l’habitude l’acte devient plus facile, mais il entre en même temps davantage dans le domaine de l’inconscient. L’habitude crée un besoin ; par elle les plaisirs et les douleurs s’atténuent, mais les inclinaisons deviennent plus impérieuses. Par l’habitude il y a continuité dans notre vie : il y a aussi économie d’énergie nerveuse et musculaire, car sinon, fait remarquer W. James, les actes les plus simples, s’habiller, se déshabiller, marcher, absorberaient tout notre temps. Grâce à l’habitude, nous pouvons employer nos efforts à l’accomplissement d’actes nouveaux de plus en plus difficiles. Elle est donc un admirable instrument d’instruction, de conservation et de

  1. Th. Ribot, Maladies de la volonté, 1883. — Jules Pavot, L’éducation de la volonté.