Page:Otlet - Problèmes internationaux et la guerre.djvu/141

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

La loi d’évolution a été définie aussi : succession à la période militaire d’une période industrielle (Spencer} ; époque primitive d’autorité, âge postérieur de discussion (Bagehot) : passage du status au contrat, du régime imposé par des gouvernements despotiques à l’organisation flexible acceptée par des libres volontés (Summer Maine). — Toutes ces formules se complètent les unes les autres et la science tend à les préciser[1].

233.6. LA DESTINÉE DES SOCIÉTÉS HUMAINES. — « Quand nous considérons les fortunes diverses de l’humanité, les douleurs, les joies et les prospérités des peuples dans le cours des âges, la naissance puis l’extinction de races, de nations, d’États et d’empires tout entiers, les efforts pénibles par où ils s’élèvent graduellement du sein de la barbarie à la civilisation, pour retomber ensuite des hauteurs de la civilisation dans les profondeurs de la barbarie ; quand nous envisageons les caractères divers des religions, leur origine, leur nature, leur valeur ou leur nullité, les contradictions flagrantes qu’on y remarque souvent ; quand nous voyons s’altérer les notions de la vertu et de la moralité, si opposée l’une à l’autre et que nous nous interrogeons sérieusement, voici la question qui s’impose invinciblement à notre esprit : que signifient toutes ces choses et quel en sera le dénouement ? Est-ce un chaos inextricable où l’intelligence n’a rien à démêler. Est-ce un pur caprice du hasard se jouant dans les espaces du monde ? Ou bien cette confusion apparente est-elle dominée par un esprit supérieur, enveloppé lui-même dans quelque mystère profond ? Tout cela aura-t-il un dénouement précis, un terme certain, une fin meilleure, ou demeurera-t-il à jamais caché à nos regards ? Telle est la question que s’adresse quiconque aborde l’étude de l’Histoire, avec un esprit tant soit peu élevé ; quiconque pénétrant au delà de la surface y cherche autre chose que la satisfaction d’une curiosité sans autre but qu’une vaine récréation, ou un arsenal de maximes étroites et égoïstes[2].

a) Réponse du christianisme. Dieu mène le monde à l’accomplissement d’un grand dessein, l’Histoire est la réalisation, dans le temps et au moyen de l’homme, des desseins que Dieu avait conçus, de toute éternité, de se procurer par le Christ un culte et un hommage qui fussent dignes de lui et qui eussent leur source dans la liberté de l’homme. Le monde est régi par la puissance divine et Dieu s’est établi un royaume sur la Terre. Les événements ne sont dirigés qu’en

  1. Mark Baldwin, La solidarité sociale, Rapport au Congrès de l’Institut international de sociologie, 1909, p. 23. L’auteur cite l’exemple de la sociologie criminelle. Elle a, dit-il, mis en lumière l’existence de trois types caractéristiques de criminels qui correspondent à ces trois phases : les criminels-nés ou instinctifs, les criminels d’occasion ou émotionnels, les criminels de profession ou volontaires.
  2. J.-D. Moehler, Histoire de l’Église, p. 2.