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dre le pays ; pendant la paix on leur donnera celle de payer certains impôts. Et pourtant beaucoup d’entre eux ne sont que des célibataires légaux ! Les vieux aussi gouverneront (gérontocratie).

7. Après la guerre les problèmes de l’hygiène seront vraisemblablement placés au premier plan. Tout sera fait d’abord pour développer la race, et la mère donnera lieu à une protection spéciale. On s’attaquera aussi au fléau de l’alcool qui, après avoir fait disparaître tant de peuplades sauvages est aujourd’hui un élément de décadence physique et de ruine morale pour la plupart des nations européennes. En France, en Allemagne, en Russie surtout, des mesures ont été prises au cours même de la guerre et l’on sait, à quels excès le poison a provoqué certaines troupes. On aura aussi à développer l’ensemble des conventions internationales d’hygiène qui sont surveillées par l’Office International d’Hygiène.


231.4. LES CHEFS : SOUVERAINS ET DYNASTIES.. — 1. Les sociétés n’ont pas seulement des classes dirigeantes et des grands hommes. Elles ont des chefs, des souverains et des dynasties. Ce sont là des facteurs individuels importants de l’évolution sociale, car si le pouvoir est une force faite de toutes les forces sociales réunies, l’usage du pouvoir est, dans une large mesure, dépendant des individus qui le détiennent, tantôt géniaux, tantôt moyens, médiocres ou détestables[1].

Il faut tenir compte de ce qu’ont été, dans l’histoire des peuples, des souverains vivant trop vieux, ayant besoin de repos et fuyant les décisions énergiques (François-Joseph) ; des longues régences exercées par des femmes (couronne d’Espagne) ; des héritiers présomptifs impatients de régner et désireux de la popularité de leur père (Kronprinz).

2. Le pouvoir est le plus terrible des fardeaux. Les tyrans sont vils ; mais ceux qui les flattent ne le sont-ils pas davantage ? « Enfant, le courtisan le corrompt en lui répétant : Tout ce peuple est à vous ! Aucun roi ne peut être bon ; le vertige du trône est fatal. Les rois ne sont pas pires que les autres hommes, mais ils sont les seuls auxquels la vérité soit absolument cachée[2]. » D’autre part un prince est trop souvent le chef de la noblesse. C’est aussi un officier de cavalerie, élevé dans l’idée que l’armée est l’essence supérieure de la société.

3. Le rôle politique et symbolique des chefs d’État reste considérable. Le Mikado est quasi divinisé par les Japonais, le Tzar est le Père des Russes, le souverain d’Angleterre est le lien le plus réel

  1. Auguste Brachet, Pathologie mentale des rois de France (1903). [Une vie humaine étudiée à travers six siècles d’hérédité (852-1483)]. — Le cabinet secret des souverains de l’Europe. — Beyens, La famille impériale allemande, Revue des Deux Mondes, 15 mars 1915. — E. Neukomm et d’Estres, Les Hohenzollern, — Deutschland im Waffen (le livre du Kronprinz, intéressante répression de sa mentalité).
  2. Victor Hugo, La pitié suprême (1879).