Page:Otlet - Problèmes internationaux et la guerre.djvu/113

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

donc un accroissement, en treize années, de 124 millions. En 1810 elle a été évaluée n’être que de 682 millions. Les blancs d’Europe et des autres pays se sont accrus dans la proportion suivante[1] :

(années) 1750 1789 1829 1869
(millions) 169 202 248 349

D’après Marshall, en supposant constant un taux d’accroissement annuel de 8 p. 1000 on arriverait à six milliards d’habitants sur le globe en moins de 200 ans, soit une densité de 80 habitants par kilomètre carré de terres tout à fait fertiles.

2° La densité de la population (nombre d’habitants par unité de superficie) détermine l’usage qui est fait de la terre. Cette densité est fort variable. Si l’on additionne le territoire et la population des métropoles avec ceux des colonies, on constate actuellement les densités suivantes (habitants par mille carré) : Autriche, 196.0 ; Allemagne, 62.3 ; Royaume-Uni, 36.6 ; États-Unis, 26.1 ; Russie, 19.0 ; France, 17.0.

L’Amérique du Sud, pour une superficie de 20,931,000 kilomètres carrés a une population de 75,706,000 habitants. Si on la compare à l’Europe, qui pour 9,730,000 kilomètres carrés compte 400,000,000 d’habitants, on voit les possibilités d’émigration de vieux pays vers les pays neufs et les réserves immenses qui s’ouvrent à l’activité paisible des hommes. Il y a au Mexique 7 habitants par kilomètre carré ; au Brésil, 1.7 ; en Argentine, 1.6 ; alors qu’il y en a 72 en France, 105 en Allemagne, plus de 250 en Belgique.

L’immigration est le problème capital de certains pays, l’Amérique du Sud notamment. Les immigrants y augmentent la richesse nationale et peuplent le désert. Jusqu’en 1882 l’émigration était surtout alimentée par les pays anglo-saxons. Aujourd’hui ce sont les Latins et aussi les Slaves qui prédominent, non seulement dans l’Amérique du Sud mais encore dans l’Amérique du Nord. Cinq nations ont fourni an XIXme siècle un notable contingent à l’émigration : l’Angleterre (17 millions), l’Allemagne (6 à 7 millions), l’Italie (jusqu’à 800,000 en la seule année 1906), la Russie, l’Autriche-Hongrie.

Le manque de terre est une des causes de guerre. Les nations possédant une densité de population plus forte cherchent à envahir par la force les terres à population moins dense, où les lois sur l’immigration, les tarifs douaniers et le commerce sont édictés au détriment des autres nations. Ce qui tend à aggraver certaines situations c’est la prolification de degré différent des diverses nations. Un problème pratique se pose donc à la démographie internationale : déterminer la répartition normale de la population par rapport à la surface du globe. Les immenses pampas de l’Amérique méridionale au sol fertile restent désertes tandis que de l’autre côté du Pacifique les populations

  1. A. de Candolle, Histoire des sciences et des savants, p. 181.