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CURIOSITÉS

CROYANCES, SUPERSTITIONS, CHANSONS & COUTUMES

De l’Ille-et-Vilaine

LAILLÉ

Il n’est pas, à nos yeux, de sites plus charmants que les coteaux de Laillé, sur les bords de la Vilaine.

Couronnés de chênes ou de sapins, ces coteaux ont, sur leurs versants, des taillis, des fougères, des ajoncs aux fleurs d’or en hiver et des bruyères roses en été. Parfois un petit ruisseau s’est creusé son lit dans le flanc du rocher, et de ses rives s’exhale un parfum de menthes et de plantes aquatiques.

Rien n’est gai au printemps comme les bois de Saint-Jean et la vallée du Breil-Durand qu’habita jadis la belle Claude de Châteaugiron.

Rien n’est sauvage, en été, comme la lande, grillée par le soleil, à l’orée de la forêt près du menhir de la pierre qui chôme et des rochers de Cahot.

Un de nos grands paysagistes, Henri Saintin, a compris cette belle nature et l’a reproduite dans divers tableaux que les amateurs se disputeront un jour, car ils sont empreints de la mélancolie des lieux et de la poésie qu’inspire notre Bretagne.

Au sud du bourg de Laillé est une lande qui dépendait jadis de l’ancien fief du Désert. Cette lande mamelonnée, encore immense, n’est rien en comparaison de ce qu’elle était jadis : elle s’étendait depuis Laillé jusque vers Chanteloup et Bourg-Barré. On rencontre çà et là des traces de redoutes ou de camps retranchés à peu près comblés, ce qui prouve que des batailles ont eu lieu dans ces parages.

Un coin de la lande porte le nom des saigneries, en souvenir sans doute du gibet du seigneur, ou peut-être aussi d’un combat où les vaincus massacrés ont arrosé la terre de leur sang.