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— Si tu veux je vais te louer le mien.

— Je ne demande pas mieux, si vous vous voulez être raisonnable.

— Je te laisserai mon âne pendant sept ans et, chaque jour, tu déposeras une obole dans une tirelire que tu me remettras à l’expiration de notre marché.

— C’est une affaire conclue, répondit le meunier, qui avait examiné la bête en détail et l’avait trouvée capable de faire un bon service.

— Ce n’est pas tout, ajouta le bon Dieu, je dois te dire que mon âne ne mange point. Chaque fois qu’il semblera avoir faim et qu’il braira comme pour demander sa bronée, tu prendras un bâton et frapperas dessus à tour de bras jusqu’à ce qu’il se taise.

Le meunier était ravi comme bien on pense.


III


Lorsque les sept années furent écoulées, le bon Dieu, toujours accompagné de saint Pierre et de saint Jean, revint à Bel-Air chercher son âne.

Le meunier avait fait fortune, car sa bête qui, en effet, ne mangeait point, avait travaillé comme quatre animaux de son espèce.

Il la rendit au bon Dieu et lui remit le montant exact des oboles amassées jour par jour qui formaient un assez joli chiffre.

Le seigneur se rendit à l’auberge de Bout-de-Lande.

— Nous reconnaissez-vous ? dit-il à la bonne femme qui vint au-devant d’eux, voilà juste sept ans que nous sommes venus déjeuner ici.

— Et vous nous aviez servi, ajouta saint Pierre, une omelette au lard et une tête de veau comme on n’en mange pas dans le paradis.

— Ne pourriez-vous pas nous en servir de pareilles ? s’empressa de dire saint Jean, qui était tant soit peu gourmand.

— Vous aurez ce que vous désirez, mes seigneurs, répondit la bonne femme qui reprit en gémissant. Oui, je me souviens de votre première visite et ne saurais l’oublier, car c’est à partir de ce jour que mon pauvre homme a disparu.

— Votre homme, dit le bon Dieu, mais il est à la porte qui n’ose entrer. Allez donc le chercher.

La femme courut ouvrir la porte et trouva son mari qui, après l’avoir embrassée, vint se jeter aux pieds du bon Dieu en lui demandant pardon.