Page:Orain - Au pays de Rennes.djvu/220

Cette page a été validée par deux contributeurs.
184
AU PAYS DE RENNES

Pierre accepta ne supposant point faire la rencontre de son infidèle. L’église, pour fêter cette solennité, était éblouissante de clarté ; des lumières innombrables l’éclairaient mieux que n’aurait pu le faire le soleil du bon Dieu. Pierre ne tarda pas à distinguer près de lui la Rose, plus occupée de sa toilette que de ses prières. De temps à autre, elle s’entretenait à demi-voix avec son fiancé. Toutes ses douleurs passées, toutes ses peines, tous ses chagrins lui revinrent au cœur, et il se vit obligé de sortir promptement de l’église pour étouffer les sanglots qui l’oppressaient.

Ne voulant pas rester plus longtemps à Rennes, de crainte de la rencontrer, il s’orienta de son mieux dans la nuit noire et ne tarda pas à trouver le chemin de son village.

III

Il n’avançait pas vite. Comme je l’ai dit plus haut, la grand’route n’était pas faite ; il existait seulement un vilain petit chemin creux, rempli de gros cailloux qui le faisaient trébucher à chaque pas. Enfoncé, pour ainsi dire perdu dans ses tristes réflexions, il marchait tout de même, s’arrêtant seulement pour essuyer son front couvert de sueur, malgré que la froidure fut excessive et que la neige commençât à tomber.

Arrivé en face de la ferme de Bréquigny, qui est à une lieue de Rennes, comme vous savez, il entendit chevaucher derrière lui.