Page:Opuscules philosophiques et littéraires. La plupart posthumes ou inédites.djvu/33

Cette page a été validée par deux contributeurs.

témoignage que l’on a rempli ses devoirs, qu’on a fait tout le bien qu’on a pu faire, qu’on est vertueux enfin, plus on goûte cette satisfaction intérieure, qu’on peut appeler la santé de l’ame. Je doute qu’il y ait un sentiment plus délicieux que celui qu’on éprouve quand on vient de faire une action vertueuse et qui mérite l’estime des honnêtes gens. Au plaisir intérieur d’une action vertueuse se joint encore le plaisir de jouir de l’estime universelle ; car les fripons ne peuvent refuser leur estime à la probité, mais l’estime des honnêtes gens mérite seule qu’on la compte. Enfin je dis que pour être heureux, il faut être susceptible d’illusion, et cela n’a guère besoin d’être prouvé. Mais, me direz vous, vous avez dit que l’erreur est toujours nuisible ; l’illusion n’est-elle pas une erreur ? Non : l’illusion ne nous fait pas voir à la vérité les objets tels qu’ils sont, mais elle les fait voir tels qu’ils doivent être ; pour nous donner des sentimens agréables, elle les accommode à notre nature ; telles sont les illusions de l’optique : or, l’optique ne