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l’intellect actif produit l’universalité dans les choses. Ce dont ils prétendent s’étayer doit à coup sûr être entendu dans ce sens, que Aristote a voulu dire qu’il y a en nous un intellect actif par lequel tout se fait, et qui peut par conséquent quand il veut s’emparer de fantômes, les illuminer et les rendre intelligibles en acte. D’autres de leur côté ont prétendu que les formes intellectuelles passent de l’intellect actif dans notre esprit. Ils affirmoient que l’intellect actif n’est pas en nous, mais bien hors de nous, et ils disoient que c’était un Dieu ou une intelligence. Aristote les réfute sur ces deux points dans le IIIe livre de l’Ame. Il dit, en effet, que cet intellect est dans notre ame, il dit aussi que c’est la lumière qui rend intelligibles en acte les fantômes intelligibles en puissance, de même que la lumière rend visibles en acte les couleurs visibles en puissance ; c’est ainsi qu’il y a eu diverses erreurs sur les universaux. Après tout c’est le sentiment d’Aristote qui est le vrai, à savoir que l’universel se trouve dans la pluralité, qu’il est un en dehors de la multitude ; par ces mots on touche au double être de l’universel, l’un en tant qu’il est dans les choses, l’autre suivant qu’il est dans l’ame. Quant à l’être de raison, il a la nature de prédicable ; quant à l’autre être, c’est une certaine nature, et il n’est pas universel en acte, mais bien en puissance, parce que la puissance a la vertu de rendre une telle nature universelle par l’action de l’intellect, et c’est pour cela que Boëce appelle universel ce que l’on conçoit et singulier ce que l’on sent, parce que cette même nature qui étoit singulière et qui est individuée par la matière dans chaque homme, devient ensuite universelle par l’action de l’intellect qui les dégage des conditions qui existent hic et nunc, ce qui fait qu’elle reçoit de l’intellect lui-même le caractère d’universelle et de