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chez les chaldéens

difficiles, bien qu’il n’ait pas été compris par tous les érudits dans ses détails.

Il en est autrement du discours que Istar adresse au Portier, et qui a été méconnu par tous, parce qu’on a mal transcrit la phrase assyrienne[1].

Selon mes prédécesseurs, Istar menace le Portier de l’Enfer de peupler le monde souterrain en tourmentant les vivants. Cela n’a pas de sens, et n’est pas une menace à l’adresse du Gardien infernal. Ce qu’il doit vouloir empêcher, ce n’est pas qu’il y ait beaucoup de décès, mais que les morts confiés à sa garde ne s’échappent pas.

La réponse du Portier à Istar a été méconnue également [2], et de même le colloque entre les deux déesses dont on a fait un seul monologue de la Déesse des profondeurs. Celle-ci a peur d’Istar qui la tranquillise, en lui expliquant sa propre tristesse[3]. Alors seulement Allat donne l’ordre de l’introduire, en la dépouillant de tous ses ornements, dont quelques-uns peuvent avoir une vertu magique. Nue, comme il convient d’entrer dans la région infernale, Istar est amenée devant la Reine des Enfers.

Celle-ci raille la nudité d’Istar, qui ne résiste pas à sa colère justifiée ; la Déesse des ténèbres ordonne alors à son serviteur le dieu des Destinées, (ou le Dieu du Jugement)[4], de garder Istar frappée de maladie.

L’absence d’Istar produit sur le monde supérieur des effets déjà expliqués par les versions britanniques ; les Dieux s’en

  1. Toutes les versions transcrivent d’une manière fautive et ne donnant pas des mots assyriens.
  2. La phrase est lultasmuki, lusanni, « je veux t’obéir, je veux référer à, etc ; on a lu lullik mukilu sa anni, et l’on s’est donné toutes les peines possibles pour expliquer une phrase inexplicable.
  3. Le mot lubki ne peut être que la première personne du précatif. MM. Lenormant et Schrader ont traduit à tort, l’un « qu’elle pleure » et l’autre « qu’elle reste. » La 3e p. devrait être libki.
  4. Il est parfaitement vrai que les deux signes, qui composent ce nom divin, expriment aussi le nom de la peste, ainsi que je l’ai expliqué dans le Journal asiatique (I, 1873, p. 289). M. Schrader p. 40 et p. 149 ne mentionne que