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chez lez chaldéens.

expressive l’horreur que lui inspirait l’idolâtrie du peuple d’Israël.

La déesse Istar, qui nous occupe, est la déesse de la guerre et elle règle en même temps les rapports matrimoniaux ; elle est fille du Dieu de la lune Sin, et le mois d’Elul lui est consacré chez les Assyriens où elle est nommée l’Archère. « Sargon l’invoque comme celle qui anéantit les hommes. » Évidemment il y a deux déesses, originairement différentes, confondues dans une même fiction ; aussi Sardanapale VI les distingue entre Istar de Ninive et Istar d’Arbelles.

Le caractère de la déesse militante se montre dans le texte qui va nous occuper. (L. 34).

Dans une imprécation proférée contre tout homme qui endommagerait une propriété foncière[1] :

« Istar, la souveraine du ciel et de la terre, s’emparera de lui et le livrera pour sa perte au dieu et au roi. »

Nous devons ajouter que, dans d’autres inscriptions, le rôle de Lucina est dévolu à une déesse différente qui est nommée Belit (Beltis), également un nom général qui signifie « souveraine. »

La déesse Istar descend à l’Enfer ; mais retenue par la déesse souterraine, Allat, elle réussit difficilement à s’échapper de profondeur, où elle s’est imprudemment engagée.

Cette narration forme le sujet d’une inscription que divers savants ont déjà essayé de traduire. Le sens général de ce texte a été bien rendu par MM. Smith, Fox Talbot, Lenormant, et dernièrement par M. Schrader, qui lui a consacré un ouvrage spécial. Le savant professeur de théologie d’Iéna a l’avantage de connaître à fond les langues sémitiques, et il a suffisamment expliqué les phrases sur lesquelles il n’y avait aucune contestation ; je regrette néanmoins de ne pouvoir adopter une seule des traductions proposées par lui.

Quelques uns des passages, et des plus importants, n’ont été compris par aucun de mes quatre prédécesseurs, et il me semble nécessaire de soumettre au public une traduction, en tout cas, moins imparfaite.

  1. Caillou de Michaux, col. III, lig. 35.