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de la pensée, antérieure à toute réflexion. Expressions relatives et comparatives, on les emploie à exprimer des relations que l’on observe en effet et des comparaisons que l’on fait réellement : transportées et appliquées à un absolu, à un unique que l’on ne connaît, on n’y comprend plus rien, si ce n’est une contradiction manifeste.

Car c’est là qu’il faut toujours tomber ; on a beau se proposer d’exclure ce point d’une partie de l’argumentation ; [comment trouver] le moyen de ne pas conclure à la contradiction à chaque pas, lorsqu’on analyse une doctrine où il s’agit de placer des différences dans l’identité, du plus et du moins dans le tout, de mettre ensemble « des natures plus ou moins heureusement douées, dans lesquelles la pensée se fait jour plus facilement et l’inspiration se manifeste avec plus d’éclat », avec « une raison égale (sous sa forme instinctive et spontanée) à elle-même dans toutes les générations de l’humanité, et dans tous les individus dont ces diverses générations se composent » ?

Je ne dois pourtant pas conclure, sans faire mention de quelque autre chose que vous dites sur les différences qui pourraient avoir lieu dans la spontanéité. Ces différences, quelles qu’elles puissent être (et j’ai fait voir que vous ne les faites pas être, et qu’elles ne peuvent pas être) ces différences, selon vous, après tout ne seraient pas frappantes, ne seraient guère essentielles, seraient peu importantes (pp. 23-24).

Voilà donc à quoi se réduirait l’autorité ! Au commencement je la trouvais tyrannique, je trouvais ses prétentions, je ne dis pas exorbitantes, mais tout-à-fait illégitimes ; à présent je les trouve si légères que je serais presque disposé à les lui accorder sans examiner la valeur de son droit, s’il s’agissait de quelque chose qui dépendît de moi. Ce droit qu’on