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cette affirmation, par exemple : l’aperception pure, la foi spontanée appartient à tous (ibid.) ; à établir ensuite cette majeure niaise à force d’être évidente : il ne peut y avoir ni moyen ni motif d’imposer à quelqu’un ce qui appartient à tous ; la conséquence arriverait d’elle-même : donc il est également impossible et inutile d’imposer les vérités qui nous sont découvertes dans l’aperception pure, donc, au lieu qu’on puisse se croire le droit de les imposer aux autres par la raison qu’elles ne sont pas notre ouvrage, on ne peut, en aucune manière, se croire le droit de les imposer à qui que ce soit, puisqu’elles ne manquent à personne ; donc, bien loin que le caractère éminent de l’inspiration puisse renfermer le principe de l’autorité, un autre caractère de l’inspiration, l’identité, l’universalité, exclut au contraire toute autorité, en rendant son action aussi impossible et aussi inutile, qu’il est inutile et impossible de faire ce qui est fait.

Voilà, dis-je, le raisonnement que, du premier moment, il m’a paru qu’on pouvait tirer de cette identité, si résolument affirmée par vous ; mais, comme vous parlez aussi de différences qui se trouveraient dans cette même spontanéité, de quelque plus ou moins qu’elle pourrait admettre, je me demande si ce raisonnement ne porterait peut-être pas à faux, en ce que (et c’est là toute sa force) on y prend dans un sens absolu ce à quoi vous auriez apporté des modifications.

Mais d’abord en quel autre sens peut-on le prendre ? Identité est un mot qui ne souffre pas différentes explications, un mot sur lequel on ne peut revenir que pour le rétracter, auquel il ne reste aucun sens dès qu’on lui ôterait le sens absolu qui est le sien. Si je demande à qui que ce soit ce qu’il entend par identité, il me répondra qu’il entend ce qui n’admet point de différences. Ce qui en admet en petit nombre ou de peu importantes, on l’appelle autrement.