Page:Opere inedite o rare di Alessandro Manzoni, volume III, 1887.djvu/60

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arriver à des buts tout-à-fait semblables. C’est toujours un homme moindre, c’est-à-dire différent de celui que l’homme connaît par la conscience et par l’expérience, imaginé pour rendre raison de l’homme tel que l’homme le connaît : ce sont toujours hypothèses ou inductions, pour expliquer l’intelligence, indépendamment des faits les plus importans, les plus manifestes, les plus constans, pour tirer toute cette intelligence d’une parcelle, d’un exercice unique de l’intelligence par des développemens, par des intus-créations pour ainsi dire, par des voies enfin, dont ni l’histoire ni la conscience ne donnent le plus petit témoignage ni le plus léger indice ; pour expliquer, dis-je, chaque intelligence par des raisons tirées d’elle seule, sans tenir compte de ce que toute intelligence reçoit des autres, sans tenir aucun compte d’un tel fait que vous devriez pourtant prendre en considération comme une difficulté, si vous n’en voulez pas comme explication ; puisqu’il est toujours là pour montrer l’homme apprenant des autres ce que vous voulez absolument lui faire trouver à lui tout seul, recevant d’autres hommes, et par un moyen que, non seulement il n’a pas fait, et qu’il ne pourrait pas faire, mais dont il ne pourrait pas même se servir s’il était seul, ce que vous voulez absolument faire pousser dans ce petit coin d’intelligence que le système lui laisse ou lui départit. Et c’est toujours la même nécessité de prendre hors de ce coin les moyens indispensables pour en tirer quelque chose.

Je reviens à la question ; et j’y reviens, non pour ajouter d’autres raisons à celles que je vous ai exposées, car il y en a bien assez, sinon pour la conviction, au moins pour la patience ; mais j’y reviens pour les résumer, pour les rappeler, ce que cette longue digression a rendu nécessaire. Ma thèse était donc que l’autorité, telle que vous la faites, manquerait d’une condition essentielle à l’autorité, qui