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Vous, au contraire, vous qui pourtant entendez, avec tout le monde, par autorité : parole croyable par elle-même et sans démonstration de ce qu’elle annonce (car on ne peut donner aucun autre sens au mot imposer, et c’est le seul sens au reste par lequel on puisse comprendre l’opposition que vous établissez entre l’autorité et l’examen) ; vous qui par conséquent vous êtes mis expressément dans la nécessité, où vous seriez d’ailleurs par la nature de la chose, de spécifier les marques auxquelles cette parole privilégiée puisse être reconnue entre toutes les paroles : vous n’adoptez pas la marque de la personne qui est dans l’idée commune : et quelle autre marque substituez vous à celle-là ? Aucune, j’ose le dire ; ce qui fait que l’idée de l’autorité que vous proposez, manque d’une condition tout-à-fait essentielle à la réalisation de cette idée : que l’autorité ait un moyen d’être reconnue.

« L’inspiration, fille de l’âme et du ciel, parle d’en haut avec une autorité absolue ; elle ne demande pas l’attention, elle commande la foi » (1829, p, 44). Voilà bien l’autorité s’exerçant, se réalisant ou voulant se réaliser dans la pratique. Mais à quelle condition et à quelles enseignes ? Quand et pourquoi devra-t-on, pourra-t-on lui accorder cette foi qu’elle commande ?

« Il est certain que nous n’avons foi qu’à ce qui n’est pas nous, et que toute autorité qui doit régner sur nous, doit être impersonnelle » (1828, leç. 6.e, p. 14).

Ainsi l’autorité est pour vous dans l’inspiration, et y est par la raison et à condition de l’impersonnalité. Or quel moyen, je ne dis pas de voir, mais de chercher même si cette condition est remplie, si ce qui veut régner sur vous est impersonnel, si la parole qui commande n’est pas préméditée, si elle exprime vraiment une aperception primitive antérieure à toute réflexion ?