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sur les esprits, et qu’elle tient cette force d’une grande vérité qui est en elle : c’est dire qu’elle a, à un très haut degré, de ce vieux et de cet universel qui est le vrai, et de ce nouveau et de ce particulier qui en vient et qui fait le grand ; c’est dire qu’elle doit exercer dans le règne de l’intelligence humaine une grande influence, et y faire beaucoup de bien. Voilà ce que je me trouve avoir dit, moi qui ne voulais rien dire, et (quel dommage que ce soit moi et que cela ne compte rien) c’est bien ce que je pense. Je sens bien que cela signifie rien ; mais heureusement je pense cela en grande compagnie ; ainsi mon suffrage qui par lui-même par ses motifs ne compterait rien, compte quelque chose en faisant nombre ; ce sont deux moins de plus qui claquent, et y sont pour leur part à faire le brouhaha.


Mais je pense aussi autre chose : et me voilà arrivé tout naturellement à ma seconde partie. C’est ici, mon ami, que je suis encore plus vivement frappé de la difficulté de ma tâche, ou plutôt de l’étrangeté de mon entreprise. Je voulais recommencer à en rire ; mais je ne puis. La disproportion entre mes forces et le sujet, m’avait d’abord paru quelque chose de bien plaisant ; mais, à mesure que j’ai avancé, j’ai dû sentir qu’il pouvait bien y avoir là une raison de me taire, mais pas le plus petit mot pour rire ; j’ai dû m’apercevoir que je parlais tout de bon, et que je n’aurais pu parler autrement ; et qu’ainsi ce parti que j’avais pris d’abord de me moquer d’avance de ce que j’allais dire, qui m’avait semblé un bon moyen d’échapper à cette responsabilité qui pèse sur toute parole, une espèce de désaveu éventuel et commode de ce qui aurait pu vous paraître par trop singulier, n’était qu’un contresens ridicule lui-même. Et pourtant ce m’était une contenance : avouez que ce n’est pas pour moi une petite affaire d’en trouver