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dent, où la pensée maîtresse se noie en de multiples répétitions.

Du fait de son originalité même, le livre des Rubaiyat fut, depuis des siècles, en proie aux scoliastes de toutes les écoles. L’indécision de l’âme de Kháyyám, son douloureux scepticisme qui cherche à s’apaiser dans les joies brèves du réel et du palpable, ses cris d’angoisse devant la Destinée que son éducation première lui montrait implacable, sa science amère, tout cela pouvait bien apparaître à l’observateur non prévenu comme suffisamment et clairement expliqué, mais la phraséologie orientale, enveloppant de son voile de brume pailletée cette pensée morne et plaintive, lui donnait l’aspect mystérieux d’un symbole, et les Soufis en revendiquèrent pour eux seuls l’interprétation définitive. Petits bréviaires pessimistes, horræ nocturnæ du rêve impuissant, des copies circulaient, sans doute, partout où la langue persane était comprise