Page:Omar Khayyám - Rubba'Hyyat, Charles Grolleau.djvu/167

Cette page n’a pas encore été corrigée
-+( 153)+-


Le quatrain est tout un poème qui a son unité de forme et d’idée ; manié par un vrai poète, c’est le genre le plus puissant de la poésie persane. La répercussion des rimes, enveloppant et accentuant le silence du vers blanc, produit des harmonies et des contrastes de sons qui donnent un relief étrange aux harmonies et aux contrastes de l’idée.


Dans la préface de sa traduction d’un des manuscrits de Khayyam,.M. John Payne, parlant des roses, si chères aux poètes persans, noie la très curieuse légende que voici :

La vue et le parfum des roses nouvelles semblent avoir un effet tout particulier d’excitation sur l’imagination orientale. Je me souviens d’avoir lu, dans un auteur arabe (Ibn Khellikan, je crois, ou Ibn Khaldoun), l’histoire d’un savetier de Bagdad (un prototype de ce Hans Sachs, si cher aux amants de Nuremberg et de la musique) qui, à chaque printemps, dès que les roses commençaient à fleurir, cédant à un entraînement irrésistible, fermait son échoppe et allait se poster avec un flacon, un gobelet et un vase plein de roses, au bord du grand chemin. Il restait là jusqu’à la fin de la saison, refusant toute besogne, chantant à tue-tête des rapsodies bachiques dont l’invariable refrain disait toujours : « Buvez du vin en la saison des roses, la saison des roses se passe ! ».

20