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L’ATTENTAT ORSINI.
IV

L’Empereur fit envoyer à Cavour les lettres du supplicié avec invitation de les insérer dans la Gazzetta piemontese. - Qu’on y prenne garde, objecta Cavour, c’est un assaut direct contre l’Autriche, non seulement par le Piémont, mais aussi par la France. - Dans l’intention de l’Empereur c’était surtout, ce qui échappait à Cavour, une réprobation de l’assassinat politique par un assassin. Il répondit : Publiez. L’effet fut immense. Une auréole entoura la mémoire d’Orsini transfiguré et le régicide fut ennobli par celui même qui venait d’exiger que l’apologie en fût châtiée par la loi. Aussi Brofferio se crut-il permis de l’exalter dans la discussion de la loi sur la presse « Les tyrans n’ont qu’un moyen de se préserver, c’est de renoncer à leur tyrannie. Prohibez la vérité, la justice, la vertu, le sentiment, la raison, brûlez les bibliothèques, renversez les théâtres, jetez dans les flammes tous les livres, et malgré cela l’assassinat des rois malfaisants et barbares sera toujours applaudi. » - Cavour protesta contre ces déclamations homicides : « Dans l’intérêt du Piémont et de l’Italie entière, il faut que du seul État italien libre, s’élève hautement la voix non seulement du gouvernement, mais celle de la nation, pour protester solennellement, énergiquement, contre la doctrine scélérate de l’assassinat piol-