Page:Ollivier - L’Empire libéral, tome 1.djvu/8

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

régulier de la civilisation, jeté les peuples dans le marasme et la ruine, imposé à l’Allemagne l’épreuve d’une victoire au-dessus de ses forces morales, il importe d’autant plus de ne pas regarder seulement devant ses yeux, de reprendre de plus haut les événements, de remarquer les secrètes dispositions d’où ils sont sortis, que tôt ou tard ce drame de 1870 sera, soit à l’intérieur, soit à l’extérieur, le prélude de conjonctures non moins graves par lesquelles la forme et la fortune des empires seront encore une fois changées.

On a beaucoup déclamé sur l’expédition du Mexique elle serait la véritable cause de notre effondrement. Nous aurions été vaincus en 1870 parce que l’Empire « avait jeté tout notre sang, tout notre or, notre force tout entière dans les plaines du Mexique[1] ». Or, quel était le chiffre général de notre effectif en 1866 ? 400 000 hommes. Combien y avait-il de bouches à feu dans nos arsenaux ? 10944 canons en bronze, sans compter près de 3 000 canons en fer[2]. Combien le Mexique a-t-il employé d’hommes ? De 35 à 40000. Combien de canons ? 50 !  ! Quant à la dépense, elle a été réglée sous la présidence de Thiers à 300 millions, desquels il convient de déduire ce

  1. Jules Simon, Gouvernement de la défense nationale, p. 377. Moltke, habituellement inexact sur ce qui nous concerne, parce qu’il reproduit les assertions des ennemis de l’Empire, dit aussi, dans ses Mémoires sur la guerre de 1870, que la guerre du Mexique « avait coûté des sommes énormes et désagrégé nos forces militaires ».
  2. Compte général du matériel pour 1866.