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Ces propos rappellent ceux du taoïste Soshi (Chauntsé). Soshi se promenait un jour au bord d’une rivière avec un ami.

— Comme les poissons se plaisent dans l’eau ! s’écria Soshi.

Son ami lui dit :

— Vous n’êtes pas poisson ; comment savez-vous que les poissons se plaisent dans l’eau ?

— Vous n’êtes pas moi-même ! répliqua Soshi. Comment savez-vous que je ne sais pas que les poissons se plaisent dans l’eau ?

Le Zen a souvent été opposé au bouddhisme orthodoxe, comme le Taoïsme au Confucianisme. Pour pénétrer l’enseignement transcendantal du Zen, les mots ne font que gêner la pensée ; la masse entière des écritures bouddhistes ne sont que des commentaires sur la spéculation personnelle. Les adeptes du Zen avaient en vue la communion directe avec la nature intime des choses et ne considéraient les accessoires extérieurs que comme des obstacles à une perception claire de la vérité. C’est l’amour