Page:Okakura - Le livre du thé, 1927.djvu/39

Cette page a été validée par deux contributeurs.

chourie. Que de commentaires n’a-t-on pas consacrés au code des Samouraï, à cet Art de la Mort auquel nos soldats font si joyeusement le sacrifice de leur vie ! mais personne n’accorde d’attention au théisme qui, pourtant, représente si bien notre Art de la Vie. Ah ! nous resterions volontiers des barbares si notre titre à la civilisation ne devait reposer que sur la gloire militaire et nous attendrions volontiers l’heure où serait accordé à notre art et à nos idéaux le respect qu’ils méritent.

Quand donc l’Occident comprendra-t-il, ou essaiera-t-il de comprendre l’Orient ? Nous sommes parfois épouvantés, nous autres Asiatiques, de l’étrange tissu de faits et d’inventions dont on nous a enveloppés. L’on nous représente vivant du parfum des lotus, quand ce n’est pas de souris et de blattes. Il n’y a chez nous que fanatisme impuissant ou sensualité abjecte. Le spiritualisme hindou n’est que de l’ignorance, la sobriété chinoise que de la stupidité, le patriotisme japonais que le produit du fatalisme ; et l’on a été jusqu’à dire que, si nous sommes moins