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donc avoir commis durant votre incarnation passée pour mériter un tel châtiment durant celle-ci ?

La dévastation effrénée de fleurs qui se pratique en Occident est peut-être encore plus épouvantable que la façon dont elles sont traitées par les maîtres de fleurs de l’Orient. La quantité de fleurs coupées chaque jour, pour orner les salles de bal et les tables des banquets, en Europe et en Amérique, et que l’on jette le lendemain, doit être énorme ; liées ensemble, elles feraient une guirlande à tout un continent. Comparé à cette insouciance totale de la vie, le crime du maître de fleurs devient insignifiant. Lui, du moins, respecte l’économie de la nature, choisit ses victimes avec soin et avec prévoyance, et une fois mortes il honore leurs restes. Dans l’Occident, la parade des fleurs paraît faire partie du décor de la richesse ; c’est la fantaisie d’un moment. Où vont-elles, toutes ces fleurs, quand la fête est finie ? Est-il rien de plus pitoyable que de voir une fleur fanée jetée sans remords au fumier ?

Pourquoi les fleurs sont-elles nées si belles