Page:Oeuvres de Walter Scott,Tome I, trad Defauconpret, 1830.djvu/435

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— C’est donc là le pris de ma clémence, baron présomptueux ! reprit le monarque. De tout ton clan égaré par l’ambition, tu es le seul, toi, Jacques de Bothwell, en qui ma coupable faiblesse refusa de voir un ennemi : mais ton roi souſfrira-t-il tes outrages et tes regards dédaigneux ! Holà, capitaine de ma garde, donnez à Douglas une escorte convenable— Qu’on termine les jeux... (Car le tumulte allait croissant, et les métayers commençaient à tendre leurs arcs) Qu'on termine les jeux, répéta Jacques en fronçant le sourcil; que nos cavaliers dispersent la foule !

XXVII.

Le désordre et les cris d’une émeute troublèrent la fin de ce jour de fête. Les gardes à cheval fondirent au milieu de la foule et furent repoussés avec insulte et menaces : les vieillards et les infirmes sont renversés par terre ; les timides fuient, les femmes poussent des cris d’effroi ; les plus audacieux s’arment de cailloux, de bâtons et de flèches. Les soldats du roi entourent Douglas d’un cercle de lances, et le conduisent dans le sentier qui mène au château. Ils sont assaillis par la populace, qui les poursuit de ses clameurs.

Le noble Douglas vit avec chagrin que le peuple se révoltait contre les lois ; il s’adressa à l'officier de l'escorte, et lui dit :

— Sir John de Hyndford, ce fut mon épée qui te donna l’accolade ; en souvenir de ce jour, laisse-moi parler a ces hommes égarés.

XXVIII.

—Mes amis , écoutez-moi, avant de vous montrer sujets rebelles à cause de Douglas. Je sacrifie sans regret aux lois de l’Ecosse ma vie, mon honneur et tous mes intérêts : ces lois sont-elles si faibles qu’elles aient besoin du secours de votre vaine fureur ? ou si je souffrais une injustice, serais-je assez aveuglé par un funeste égoïsme, renoncerais-je si facilement à tout sentiment de patrio-